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Elle avait charmé tout le monde avec Polisse, et voilà que Maïwenn nous revient avec une nouvelle production qu’on pourrait dire « brut de décoffrage », à la frontière du roman et de la chronique sociale. Mais si Mon Roi a l’intention de charmer comme sa précédente production, il est peut-être nécessaire que la réalisatrice revoit sa formule, dans l’idée d’y insérer du cinéma plutôt que ce melting-pot télévisuel qu’elle nous sert comme un supposé génie.
Sans sombrer dans la vulgarité (ce que le film fait constamment, au demeurant), on pourrait dire de Mon Roi qu’il est profondément obscène et horripilant. Narrant le récit interminable d’un couple en proie au doute, dont son essence même semble être le « je t’aime, moi non plus », le film de Maîwenn est d’ores et déjà vu et revu, quand il ne continue pas d’empiler les clichés. Ruptures, pleurs, cris et bris de vaisselles s’enchaînent, entrecoupés par l’héroïne (Tony) en rééducation qui agira en métaphore de son mal-être. Une originalité proche du néant, qui ne fera qu’accentuer la vacuité intellectuelle du récit qui semble croire en son for intérieur qu’il est capable de toucher au cœur du spectateur. Après tout, Maïwenn semble ne pas avoir d’autres volontés que celle-ci, comme Xavier Dolan filme ses protagonistes au plus près dans l’idée que voir la larme couler est plus fort que l’idée elle-même. Sur l’autel d’un supposé ''réalisme'', elle accumule les fautes de goût en laissant ses personnages vivre en roue libre, se comportant comme des animaux sans la moindre décence ou amour-propre. Au centre, on retrouve ce couple d’acteurs (au sens propre comme figuré), qui l’un comme l’autre essaie de se voler la vedette, telle la représentation d’un petit microcosme du cinéma français agissant dans une pure logique nombriliste. Voir Vincent Cassel s’auto-congratuler en se donnant le titre de « Roi des connards » puis Emmanuelle Bercot surjouer le déséquilibre mental dans l’espoir d’un prix d’interprétation est probablement ce qu’on a vu de plus triste au cinéma cette année.
Mais le pire se situe ailleurs, loin du récit profondément absurde et prosaïque. C’est dans son mépris sans vergogne envers ceux qu’il tente de dépeindre, dans l’absolue croyance de la réalisatrice que son film leur rend hommage, quand il ne fait que les caricaturer, leur faire croire que ce film leur est dédié, qu’il leur fait croire qu’ils agissent en acteur de leur propre film. Tel une émission de télé-réalité, Mon Roi représente le culte de l’image, du « moi » égotique représentant ce que les amateurs d’émissions du genre espèrent un jour devenir : bourgeois, sans limites, en un mot vivant. Une image erronée, morte-née car elle n’a jamais existé que dans les délires de producteurs qui pensent que représenter les gens dans leurs travers est synonyme de respect. Mais du respect, Maïwenn n’en fait jamais preuve, elle laisse champ libre à toute leurs déviances.