Le réalisateur géorgien Gela Babluani s’était fait remarquer il y a dix ans avec son implacable film « 13 Tzameti » qui avait tellement impressionné à l’époque que les américains lui en avaient commandé un remake à la sauce Hollywood, passé inaperçu quant à lui. Depuis, aucune nouvelle du metteur en scène. Et le voilà qui revient avec un petit polar complètement inoffensif qui montre qu’il a perdu la main chanceuse de ses débuts. « Money » est tout à fait le genre de film que l’on se regarde quand on vraiment rien d’autre à faire et destiné à passer sur un créneau horaire nocturne d’une chaîne de la TNT. C’est un petit polar comme on a pu en voir tant sur les écrans, l’ambition et la réussite en moins. On croirait les instigateurs de ce film restés bloqués dix voire vingt ans en arrière.
On y mêle un braquage, des gangsters, un politicien pourri, du chantage, un otage, des hommes de main et au milieu de tout ça, forcément, une mallette d’argent sale. Rien de bien nouveau sous le soleil du polar qui puisse amener à aller voir ce film. L’originalité est que cela se passe au Havre et ses alentours mais les décors choisis sont laids au possible rendant l’esthétique du film, aussi pauvre que l’est sa réalisation. En effet, le cinéaste ne fait pas plus d’efforts pour embellir ses plans que ne le font les techniciens de séries télévisées à la chaîne la décennie passée ; les séries de maintenant ayant beaucoup plus de gueule que ce petit long-métrage mineur et fortement oubliable. Heureusement, le scénario tient la route et ménage assez de rebondissements pour nous tenir en haleine durant une heure et demie.
Il faut ajouter à ce constat une interprétation pas toujours convaincante, avec en ligne de mire les trois malfrats à la petite semaine qui jouent mal (le frère du réalisateur George Babluani, Vincent Rottiers et Charlotte van Bervesselès). Néanmoins, les personnages sont tout de même assez fouillés pour éviter la caricature. L’atmosphère crépusculaire était une bonne idée mais elle n’est jamais vraiment mise en valeur. On se demande bien ce que Benoit Magimel, Louis-Do de Lencquesaing ou Oliver Rabourdin sont venus faire ici. Bref, « Money » se laisse regarder sans trop de mal et réserve quelques scènes sympathiques mais il aurait du se laisser aller à plus de violence ou à un second degré salvateur car là c’est vraiment la maxime « vite vu, vite oublié » qui prévaut quand on sort de la salle.