Critique rédigée en mai 2020


Deux jeunes gens se retrouvent réunis par une liaison sentimentale et décident de partir en vacances, solitaires sur une île éloignées de la capitale suédoise. Or, lorsque la saison estivale s'achève, le temps se refroidit et s'assombrit, les vivres viennent à manquer, et ils sont contraints de rentrer, de retrouver la grande ville d'où ils viennent, de reprendre leur place dans les cycles du travail et de la famille... d'autant que la femme, Monika, apprend qu'elle est enceinte.


À la fin de cet Été avec Monika, sorti en 1953, se ferme sa parenthèse solaire : les deux jeunes protagonistes, Harry (Lars Ekborg) et Monika (Harriet Andersson), ont vécu comme Adam et Eve, c'est-à-dire à l'état de nature. Les voici donc chassés d'un certain paradis.
La mer s'agite, et le ciel est terne. On assiste à un constant jeu expressionniste, relevant d'une ambiance romantique, par le biais des éléments naturels, ces derniers s'accordant aux sentiments et à la destinée de ses personnages.
De retour à Stockholm, l'aspect planant sur la capitale est maussade, voire menaçant. Un parcours entre deux lieux concrets de vie, l'île déserte et Stockholm, deux environnements se rencontrent, un monde pour eux et un autre plus étriqué, amorçant ainsi la naissance de l'enfant du couple.


Tout le long du métrage, certains personnages sont maintenus hors-champ: en choisissant de ne pas les personnifier, Ingmar Bergman fait de leur voix, non celle de personnages en chair et en os, mais plutôt celle de la fonction qu'ils occupent, par exemple, le pasteur de la dernière demi-heure. C'est avant tout la voix d'une institution !


Harry est un héros infantile dont la déconnexion avec le monde réel se manifeste à maintes reprises. Il connaît son moment fort dès la séquence du retour, moment clé du récit.


Monika nous rend ainsi sensible à la coexistence de deux dimensions humaines, au sein d'une même position sociale.

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le 18 déc. 2020

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