On vous a surement bassiné à longueur d'avis avec ce parallèle aussi évident que simpliste pour parler de Monkey Man : celui dressé avec John Wick, dont il serait une assez pâle copie made in Mumbaï selon les plus hargneux.
Un horizon cinématographique assez bas, sans doute, dans le genre film d'action tendance vengeance.
C'est que le film tendrait presque le bâton pour se faire battre, l'animal, en y faisant référence le temps d'une ligne de dialogue autour d'une copie du flingue du Baba Yaga, made in China, ou encore en essayant d'émuler sa scène de discothèque tendance néons flashy.
Suffisant donc, aux yeux de beaucoup, pour nourrir un avis, voire des affirmations péremptoires.
Sauf que Dev Patel a sans doute bien compris une chose derrière la caméra : John Wick restera pour longtemps encore un monument inatteignable de la baston chorégraphiée et de style sapé occidental dans l'approche du combat.
Monkey Man choisit donc d'être beaucoup moins léché, beaucoup moins spectaculaire et virtuose. Il laisse seulement parler les points de son héros en mode immersif, avec une caméra qui essaie de traduire à l'image le sang qui monte aux tempes, l'énergie qui bouillonne, les émotions qu'il a beaucoup de mal à réprimer, puis cette sensation d'urgence et de désordre dans la fuite, ou de faiblesse quand un adversaire prend le dessus.
D'abord erratique, voire brouillonne, la mise en scène épouse finalement la montée en puissance et la maitrise de son héros, pour se faire plus sure dans une dernière ligne droite sauvage, sans pour autant perdre sa vivacité ou le punch de chaque coup porté.
C'est que dans ce registre, Dave Patel assure plutôt pas mal pour un débutant, même s'il faut bien l'avouer, son charisme n'est pas celui de Keanu. Mais il réussit pourtant à insuffler à son personnage une certaine émotion, portée par deux autres éléments qui réussissent à distinguer Monkey Man de son modèle décrété.
Car le film se permet, entre deux empoignades, de livrer un portrait de l'Inde qui balance entre traditions millénaires et modernité exacerbée, pauvreté indigne et luxe décomplexé. Sous la caméra de Dev Patel, la ville semble grouiller sous les néons, agitée par des soubresauts politiques extrêmes et violents, rejetant un peu plus encore les laissés-pour-compte d'une société pourrissante de corruption et toujours bâtie sur le système de castes.
Mais ce qui amène peut être Monkey Man un peu plus qu'il ne devrait normalement être, surtout s'agissant d'un premier film, c'est son immersion dans la culture de son pays et dans une certaine spiritualité qui infuse le film sans pour autant le vampiriser. Et dans ce registre, si une référence devait être mise en avant, il faudrait regarder du côté du honteusement sous-estimé Ong-Bak 2 : La Naissance du Dragon pour retrouver une impression similaire.
De tels atouts seront de nature à faire pardonner à Dev Patel quelques menues maladresses, un ou deux personnages secondaires qu'il a tendance à oublier en route, ou une poignée de flashbacks un peu mal gérés. Mais pas de quoi, pour autant, faire mettre un genou à terre à ce Monkey Man qui, loin de faire la grimace, se montre au contraire terriblement accrocheur et bourré de bonnes idées.
Behind_the_Mask, Monkey Business.