Dans la catégorie des films de SF "exercice de style de petit malin", "Monolith" s'offre une place de choix. Cette première réalisation de Matt Vesely coche toutes les cases de la production à petit budget, de la créativité qui émane des contraintes techniques, de la très bonne petite idée de scénario exploitée correctement pendant une certaine durée, mais qui malheureusement ne réussit pas son atterrissage. La tragédie du soufflé cinématographique, maintenu gonflé pendant toute sa durée pour arriver tout raplapla à son terme.
Durant la principale partie, "Monolith" jouit d'un excellent travail d'ambiance pour s'immerger dans le quotidien d'une journaliste vivant recluse chez elle, dans sa maison ultra-contemporaine et isolée, mêlant couleurs bleutées et froides, architecture moderne légèrement crispante, et un travail d'investigation qui mettra un certain temps à se préciser. Afin d'alimenter un podcast, la protagoniste enquête sur un artéfact mystérieux dont elle apprend l'existence après réception d'un email tout aussi mystérieux et le témoignage d'une femme apparemment 100% inconnue. Dans ces moments-là, à mesure que l'on pénètre ce territoire secret, Vesely réussit son coup et parvient à captiver très solidement. Pas mal de détails du scénario coincent un peu, mais on peut facilement fermer les yeux pour se laisser embarquer dans l'histoire marquée par cette époque de réclusion post-covid et par une potentielle conspiration aux contours on ne peut plus indéfinis.
Et puis dans la dernière partie, patatras, on glisse vers une dimension très personnelle, mettant de côté tout un pan intrigant du récit pour se concentrer sur un détail intime de l'enfance de la journaliste. Les fils de l'intrigue commencent à se rejoindre autour d'un mensonge logé dans le passé et convoquent des thématiques très ponctuelles : poids de la culpabilité, erreurs du passé à affronter, responsabilité vis-à-vis de la vérité... Le tout dans une ambiance de huis clos angoissant qui perd de sa puissance lorsque se matérialise l'objet principal du discours des dernières minutes. Et la paranoïa très attrayante des débuts mute spontanément en un pensum peu engageant sur un sentiment de culpabilité un peu sorti de nulle-part, lourde métaphore sur ces pesantes pensées à l'appui.