Le grand Charles
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le 7 sept. 2024
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Après «Priscilla», «The Iron Claw», «Bob Marley : One Love», «Une Vie», «Boléro», «Ferrari», «Maria», et plus récemment «The Apprentice» ou encore «Lee Miller», ce nouveau biopic de l'année s'attaque cette fois à l'une des figures incontournables de la chanson française, dont la carrière, internationale, s'étend sur plus de 70 ans, tout ça sous la houlette du duo Grand Corps Malade-Mehdi Idir, qui nous avaient déjà donné les très chouettes «Patients» et «La Vie scolaire», et avec l'excellent Tahar Ramir dans le rôle-titre.
De belles forces en présence pour un film qui m'a laissé totalement froid.
Doté d'un budget conséquent de 25 millions d'euros, ce «Monsieur Aznavour» prend la forme d'un biopic chapitré et lisse, déroulant paresseusement la vie de cet artiste franco-arménien d'1m64 à la voix voilée, qui a fini par gagner sa place parmi les plus grands à force de persévérance.
Une sorte de ligne droite, dénuée de véritables contrariétés et de rebondissements majeurs, et par conséquent aussi d'émotions réelles.
Certes, la réalisation de l'ensemble est maîtrisée et plutôt fluide (même si assez classique et proprette), empreinte d'une certaine ampleur par moments, et propose notamment quelques belles idées de transitions, qu'elles soient sonores (quand la mélodie de «Parce que tu crois» bascule sur le beat du morceau de rap «What's the Difference» de Dr. Dre) ou visuelles (ce plan-séquence circulaire lors de «La Bohème», qui enchaînent plusieurs lieux et situations).
Mais celle-ci se met au service d'un récit académique et manquant clairement d'un vrai point de vue sur la personne de Charles Aznavour, se contentant de cocher les cases habituelles de ce genre de production.
Un film plus proche d'une reconstitution du style "musée Grévin" que d'une œuvre véritablement incarnée, à l'image de son casting finalement.
Car, malgré toute l'admiration que j'ai pour Tahar Rahim et le travail évident qu'il a dû fournir pour se mettre dans la peau d'Aznavour (chant et piano notamment), tout au long du film, ce n'est malheureusement pas Aznavour que je voyais, mais bien Tahar Rahim, grimé d'un faux nez et d'une fausse dentition (ce qui ne le faisait pas plus ressembler physiquement à Aznavour), tentant de reproduire la gouaille et les gestuelles de celui qu'il doit incarner.
Une impression persistante de faux que je pouvais également ressentir par moments chez Bastien Bouillon, qui interprète Pierre Roche, le meilleur ami d'Aznavour.
Finalement, c'est Marie-Julie Baup qui, malgré un parler en mode très "Arletty", sort un peu son épingle du jeu dans la peau d'Édith Piaf, la "grande sœur" caractérielle et sans filtre de Charles.
Un biopic qui se résume trop souvent à une succession de scènes, de rencontres, de noms célèbres (Sinatra, Truffaut, Hallyday, pour ne citer qu'eux) et qui, même quand il tente de traiter l'homme un peu plus en profondeur (un artiste passionné par la lumière et la scène, qui a décidé de se plonger à corps perdu dans sa carrière, quitte à en délaisser sa famille), le fait de manière trop timide et artificielle pour convaincre.
Un film trop sage, où tout ne semble qu'effleuré et où rien ne doit dépasser, à l'intérieur duquel je voyais moins des personnages que des acteurs cherchant à reproduire les personnages qu'ils doivent incarner.
Un biopic musical fonctionnant toujours sur la même note, se révélant sans surprises et peu intéressant au final.
Reste une assez belle maîtrise technique et bien sûr la musique d'Aznavour, mélancolique et entraînante. Mais ça ne suffit pas pour en faire un film marquant et réussi à mes yeux, loin de là.
Un biopic dans le sens le plus académique du terme et manquant clairement d'une vraie voie/voix. 5-5,5/10.
P.S.: je crois que je vais faire une petite pause avec ce genre-là, qui se multiplie à toutes les sauces et s'avère un peu trop souvent décevant à mes yeux ces dernières années.
Créée
le 25 oct. 2024
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