L’essentiel du plaisir que procure Monsieur Hire est le jeu subtil de Blanc qui arrive à faire passer toute la complexité et l'ambiguïté de son personnage avec un regard, un battement de cils, magnifié par les gros plans de Patrice Leconte et le travail sur la lumière . Ce qui est en jeu ici, c'est l'essentiel du cinéma : arriver à transmettre des idées et des affects sans passer par le dialogue, laissons cela aux romans classiques, voire aux mauvais romans...D'où aussi la bande son qui sait parfaitement utiliser le kaléidoscope des sentiments sombres de la musique de Brahms.
Après, certains y ont vu une banale histoire d'amour, le topos de la femme perfide qui se joue de l'homme dissimulant sa sensibilité sous un masque de froideur... Il y a un peu de cela, mais l'art de Leconte est d'avoir su dépasser le cliché en faisant de cette histoire l'éternelle confrontation à l'autre, l'essentielle question de la communication par-delà les apparences, la difficile part du désir et de l’amour.C’est aussi l'histoire d'un sacrifice, d'un don de soi qui trouve des échos dans le magnifique -bien qu'outrancier- Breaking the waves de Lars Von Trier.