Un peu comme son personnage principal, ce film d'apparence banale possède finalement une profondeur insoupçonnée. Monsieur Hire est à l'image du film. En apparence, il est tout à fait antipathique. Misanthrope, solitaire, laid, triste, pathétique et en plus de cela, pervers. Il mate sa voisine pendant qu'elle se déshabille et a déjà été condamné pour attentat à la pudeur. Tout le monde dans l'immeuble le déteste et son profil fait de lui le coupable idéal du meurtre d'une jeune fille de 21 ans. Et pourtant, Michel Blanc réussi à rendre son personnage profondément humain et à le rendre bizarrement attachant.
En parallèle de l'enquête de police qui accuse le pauvre Monsieur Hire, ce dernier débute une relation ambigüe avec sa voisine, Sandrine Bonnaire, son antithèse. Belle, heureuse, amoureuse de son fiancée, cette dernière semble éprouver un certain plaisir à se faire mater par Michel Blanc. Les scènes entre Michel Blanc et Sandrine Bonnaire sont tellement ambigüe qu'elles provoquent une sorte de malaise étrange, entre dégout, romantisme et tension sexuelle. C'est cette ambiguïté chelou qui caractérise les deux personnages et leur drôle d'histoire d'amour qui rend ce film bien plus qualitatif que le banal film français qu'il semble être.
La fin du film, profondément tragique est également incroyablement bien foutu. On sort de ce film, boulversé et écœuré, preuve s'il en est que Monsieur Hire est un excellant film.
PS : Petit ombre au tableau, j'ai trouvé André Wilms particulièrement mauvais dans son rôle d'inspecteur de police. On dirait même qu'il est doublé par moment... Etrange...