Pauvre Monsieur Joseph. Il croyait pouvoir vivre sa vie, se sentir bien dans ce pays, dans cette petite ville, dans ce quartier dont il partage avec les habitants le même coin de ciel depuis bientôt quarante-cinq ans. Il se croyait libre aussi de pouvoir aimer Tina de trente-cinq un ans sa cadette.
Mais voilà, Monsieur Joseph s’appelle aussi Youssef, il est né en Algérie, à Tizi Ouzou, il vend des livres et sa façon d’aimer sa jeune femme, sa façon de la laisser libre, n’est vraiment pas au goût de tous.
Alors, même s’il a changé son prénom pour « être comme tout le monde », quand « tout est contre lui et que tous s’acharnent », il comprend finalement qu’il n’a jamais fait partie « des gens d’ici ».
Un film noir, une tragédie moderne sur la bêtise, la cupidité, la jalousie et la méchanceté des hommes. Cela se passe hier, avec en arrière-plan des reminiscences de la guerre d’Algérie, mais cela pourrait tout aussi bien se passer aujourd’hui.
« Ma seule faute en ce monde, Monsieur le commissaire, est d’avoir cru en l’homme. Ma désillusion est devenue ma douleur », dira à la fin la voix off de Monsieur Joseph génialement interprété par un Daniel Prévost criant de vérité et d’authenticité.
Il y a un peu de « Dupond Lajoie » là-dedans. Et je ne sais pas pourquoi, mais tout à coup, après avoir vu ce film, j’ai eu mal à mon humanitude.