Je ne sais trop pourquoi, mais ce film s'est bonifié avec l'âge à mes yeux... A moins que ce ne soit que parce que l'ayant revu plusieurs fois, j'ai eu le temps de l'analyser sans m'attacher à suivre avant tout cette énigme qui n'eut pas déplu à sir Hitchcock soi-même ! Cette histoire d'homonymie juive (ou pas) est captivante et l'aventurer mystérieuse à souhaits.
Losey, le réalisateur, victime US du maccarthisme dit-on, recommençait une nouvelle carrière en France, et fut tout content de reprendre ce projet de film que Costa Gravas ne voulait pas mettre en scène, car il se refusait à travailler avec Delon. On n'en saura pas plus..
.On a souvent critiqué ce dernier pour son nombrilisme réputé exacerbé, pour reconnaître ici que le comédien savait aussi s'investir (et payer de ses deniers) dans le cinéma pour le faire évoluer. Et non limiter sa carrière à des films commerciaux misant sur son nom à l'affiche. Dans ce Mr Klein, il s'est en effet investi comme producteur aux côtés de trois autres financiers. Et le personnage qu'il joue ici semblait fait pour lui, et le changeant radicalement de ses rôles habituels de " voyou" et "tombeur de femmes" Celle qu'il a ici, semble du reste le désintéresser complètement au profit d'une l'énigme qu'il essaie de résoudre !
Bien que maintes fois traité, le sujet de la chasse anti-juif et de la rafle du Vel d'hiv pendant la seconde guerre mondiale, est abordé avec beaucoup de réalisme. Les faits sont relatés avec une mise en scène irréprochable, un montage dynamique, et une photo au top niveau ! Seuls les vieux bus de la RATP semblent bien trop neufs pour paraître authentiques ! Quant au scénario, il n'y a rien à en redire et on s'insère avec beaucoup de facilité parmi les personnages... Enfin, le casting est un modèle du genre et que de talents dont certains vivent encore de nos jours. Lonsdalle, Vernier, Jugnot, Chicot et bien d'autres artistes devenus célèbres gravitent sur cette pellicule. Mais les femmes ne sont pas en reste avec Suzanne Flon, Francine Bergé qui a aujourd'hui 80 ans (en 2018) et qui est marquante, malgré un rôle un peu effacé, ainsi que Juliet Berto décédée trop jeune à 42 ans...
On est donc surpris que ce film n'ait pas été en France une réussite commerciale puisque tous les ingrédients y étaient, et que Delon n'ait pas été récompensé pour sa subtile et merveilleuse interprétation, sentence qui l'avait beaucoup touché à l'époque !
Un très beau film auquel on ne reprochera que sa séquence "cabaret" et le "tintamarre musical " qui y sévit et qui n'apporte rien à l'histoire sinon nous agacer par un opportunisme fort discutable.
la trois (RTBF) le 21.11.2018