En 1976, Alain Delon reprend le projet d'un scénario de Costa Gavras promis à Jean Paul Belmondo puis abandonné. Il décide de le produire et de jouer le rôle principal. Il réussit à convaincre Joseph Losey d'être le réalisateur, ayant tourné avec lui l'assassinat de Trotsky 4 ans plus tôt. C'est donc un projet ambitieux et très personnel.

Hélas il ne trouvera pas son public, probablement pas prêt à le voir jouer un rôle loin des habituels gangsters au regard d'acier et au visage de velours mais toujours avec le même vêtement de pluie qu'il endosse avec constance.

C'est une histoire inspirée d'un passage d'un documentaire bien connu "Le chagrin et la pitié" de Marcel Ophuls dans lequel un commerçant clermontois, Marius Klein avait fait savoir, pendant la 2 ème guerre mondiale, dans un journal local, qu'il n'était pas juif.

Ici il s'agit de Robert Klein, un profiteur de guerre qui achète à bas prix des tableaux vendus en hâte par des juifs pressés de fuir la France pour échapper aux nazis. Un jour il reçoit un journal intitulé "Informations juives" destiné à un homonyme et son destin va peu à peu basculer.

C'est un récit qui peut donner lieu à de multiples interprétations, réflexion sur la culpabilité, l'identité, les origines, le sentiment d'appartenance, avec des références picturales ( Adriaen van Ostade, Marc Chagall ...), cinématographiques (la mort aux trousses où Klein est le double inversé de Kaplan), métaphysiques (plusieurs questions philosophiques sont posées sur ce que nous sommes) et une reconstitution étonnante du Paris de la collaboration.

En effet, on ne voit étrangement quasiment aucune croix gammée, seulement quelques allemands qu'on suppose nazis assister à un spectacle antisémite. On ne voit que la police française. La critique de la collaboration me parait d'autant plus féroce qu'elle semble entièrement assumée sans la moindre pression extérieure.

Dans cet univers sombre, Alain Delon va rechercher son homonyme dans une quête kafkaïenne dépourvue de sens et bien menée par Losey. Il y a certes quelques ellipses curieuses et des passages un peu lents, une musique pas toujours bien choisie mais ce sera peut être le dernier grand film d'Alain Delon qui montre toutes les facettes de son talent. A ne pas manquer donc. RIP M. Delon.

Serval1
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le 23 août 2024

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