La souris déglinguée

Si ma note demeure positive, c'est surtout en raison du plaisir que j'ai pris à me plonger dans une comédie policière de 1942 - avec ce que ça implique en matière d'atmosphère, langage, décors, accessoires, seconds rôles… - surtout que "Monsieur La Souris" bénéficie d'une véritable intrigue, le film étant adapté d'un roman de Simenon.

Mais le film en lui-même n'est objectivement pas très bon, à commencer par cette histoire de meurtre justement, intrigante sur le papier mais mise en scène de manière défaillante, entre rythme atone et absence de fluidité narrative. Telle quelle, l'affaire apparaît inutilement complexe, voire confuse, à l'image des motivations nébuleuses du meurtrier.

L'adaptation étant signée Marcel Achard, on peut imaginer que les bons mots et le comique de situation l'intéressaient davantage que l'intrigue en elle-même, qui fait surtout figure de prétexte.
Pourtant, les dialogues ont beau être plutôt soignés, les occasions de (sou)rire ne sont pas si fréquentes, dans un film qui peine à trouver le juste équilibre.

Heureusement, il reste les comédiens pour apporter leur valeur ajoutée, à commencer par Raimu, toujours charismatique, même si ce clochard détective ne figure pas parmi ses meilleurs rôles. A noter que la même année, l'acteur toulonnais était à l'affiche d'une autre adaptation de Simenon ("Les inconnus dans la maison"), dans laquelle son talent irradiait davantage.

Parmi les nombreux seconds rôles, il faut surtout souligner l'apport de trois gueules inimitables du cinéma français de l'époque : Bergeron, impeccable en inspecteur buté et incompétent ; Aimos, amusant en clodo matois ; et Granval, savoureux en voisin patelin.

Avec de tels interprètes, on peut difficilement bouder son plaisir, en dépit des carences du film de Georges Lacombe, d'autant que ce dernier a le bon goût d'éviter le happy end attendu, "Monsieur La Souris" s'achevant sur une tirade véhémente de son truculent personnage principal.