La scène d'ouverture est percutante.
On plonge directement dans le vif du sujet. Celui d'une névrose générale qui voit la violence là où elle n'est pas forcément mais occulte une souffrance profonde, une volonté et un besoin de partager sous le masque, paradoxalement, d'un culte d'une expression démesurée, typiquement québécoise - on tutoie et photographie son professeur mais tout contact physique entre maître et élève est par contre, strictement proscrit pendant que les sujets plus plus sensibles sont eux, étouffés par la bureaucratie.
Alors que cette culture nous parait familière, de prime abord : on y parle la même langue, on y porte les mêmes vêtements, on y lit Balzac et La Fontaine; c'est pourtant tout un système que l'on découvre avec curiosité. Le regard de Monsieur Lazhar, réfugié, apporte d'autant plus de justesse au propos. L'identification est aisée et la violence d'un homme jeté dans une culture qui lui est complètement étrangère nous parait authentique.
Sur cinemamontreal.com, j'ai lu beaucoup de critiques négatives. Sans doute que Monsieur Lazhar est un film qui s'adresse plutôt à un public étranger. Ça tombe bien, je suis dans le cas. Il dépeint la vie quotidienne dans une école et dévoile, à ceux qui l'ignorent, les failles du système. Il dénonce des critères éducatifs et administratifs qui se veulent avant-gardistes mais se révèlent finalement être tout à fait inappropriés.
J'ai été impressionnée par la justesse du jeu d'acteurs, et particulièrement de celui des enfants très attachants, et encore plus par le propos en général. Via le fil conducteur d'un thème macabre, c'est un message d'espoir que le film nous livre. La scène finale, en témoignant, est saisissante d'émotion. Une oeuvre sensible mais sobre et toute en nuances - qui m'aurait arrachée une larme si la salle ne s'était par rallumée après une minute de générique et si mes voisines n'avaient pas commenté chaque scène.