Monsieur Quigley l'australien fait partie de ces films que je peux revoir régulièrement sans jamais me lasser. Il appartient à cette espèce qui s'épanouissait sous les spotlights des 80's. A l'instar d'un Silverado, il prône un western familial sans autre ambition que celle de divertir.
Matthew Quigley, expert du tir au fusil longue portée, traverse l'océan pacifique pour rejoindre l'Australie et répondre à l'annonce d'un riche propriétaire local qui veut lui faire chasser un bien mystérieux bétail... Si l'histoire ne se sépare jamais de son apparente simplicité, elle se permet malgré tout d'évoquer assez brutalement des thèmes comme l'esclavagisme, la colonisation ou encore le génocide. Même traitées de façon maladroite, ces scènes constituent un élément essentiel du film qui se démarque de la plupart des productions 100% familiales. L'intrigue, même convenue, ne prend que rarement le spectateur en défaut. Quelques passages peuvent traîner sur la longueur, mais ils servent toujours les personnages et non une quelconque lubie esthétique du réalisateur. De ce point de vue, le travail accompli par Simon Wincer est remarquable en comparaison de ses précédents métrages. Que se soit pour rendre hommage à un paysage, accoucher d'une émotion lors d'un tête à tête ou faire grimper la tension dans les scènes d'action, Wincer atteint une efficacité sobre que l'on ne lui connaissait pas. Les scènes de tirs sont particulièrement réussies et procurent toujours ce même plaisir face à la réalisation d'un exploit.
Côté casting, le regretté Alan Rickman joue une version bottes et chapeau du croustillant Hans Gruber. Grimaces, mimiques de mépris, il s'amuse dans ce rôle de méchant secondé par une bande d'incapables. Tom Selleck impose son flegme et sa moustache ornée pour l'occasion d'un bouc affriolant. Inébranlable dans ses décisions, il est comme l'Ayers Rock, monolithe autour duquel les satellites tournoient avant de venir s'écraser. Laura san Giacomo compose pour l'occasion un rôle de mère brisée qui offre un contraste bienvenu au duo qu'elle forme avec le grand Tom. Propulsés par des dialogues pétillants, les personnages principaux ne sont jamais délaissés. Les phrases fusent et font souvent mouche, s'autorisant au passage quelques punchlines stylées comme lors du dernier et inévitable duel.
Matthew Quigley est une réussite car il propose un divertissement dont la qualité principale est la modestie. Rien de spectaculaire ni de tapageur, Wincer est conscient de ses limites. Le plaisir de la simplicité, deux heures où les émotions chevauchent parfois jusqu'à la ruade. Cette joie quand le générique égraine son chapelet de noms sur la musique de Poledouris et de se dire que les 80's ça avait quand même du bon.