L'histoire n’est pas d'une originalité folle et le thème a déjà été maintes fois traité.
Ce qui retient plutôt l'attention ici, c’est cette présentation d'une tueuse en série par un jeu d'acteur incroyable de profondeur.
Charlize Theron est tout bonnement hallucinante en incarnant ce monstre moderne:
ses fêlures, son courage, cette sensation de perte, d'amour et de gentillesse, de férocité, de dégoût, de rage, de solitude, d'espérance et d'enfer qui s’entremêle et se bat pour exister en étouffant l'autre. Tout ce psychisme dévasté de femme ravagée par la vie nous éclate à la figure avec une puissance rarement montrée au cinéma.
A travers ce monstre, il y a la vie dans toutes ses contradictions qui nous est exposée car victime, tour à tour maitre et esclave, folle ou sage, Aileen Wuornos décide de tuer pour aimer.
Se voulant froide et méthodique, décidées et d’esprit maitrisé, ses actions ne seront finalement qu'un leurre pour entretenir des rêves de petites filles et donner un semblant de normalisation à une existence déjà fauchée par la rudesse de la vie américaine.
Trahie par son caractère instable, trahie pas sa famille, trahie par la société et sa petite amie, le monstre malgré ses actes n'est finalement pas celui qui nous est présenté.
Une belle réussite de portrait psychologique de Serial killer qui sait s'affranchir intelligemment d'un prêchi-prêcha moralisateur tout en restant terriblement lucide sur son sujet d’étude et du monde qui l'entoure.
Bravo Patty Jenkins.