Je dois dire que j'ai eu du mal à reconnaître la sirène des tapis rouges cannois dans ce film de 2004.
Quel rôle de composition tu nous as livré là, Charlize ! Quel talent il faut pour parvenir à se grimer de la sorte, à incorporer un personnage si diamétralement opposé à ce que tu es...A en prendre les mimiques grossières, le langage de charretier (189 occurrences de "fuck" - ah oui quand même), l'allure de camionneuse, la moue dégoûtée, le tout associé à peau grasse, yeux noirs terribles, dents jaunies : la métamorphose de cette actrice est à peine croyable, sa laideur m'a laissée pantoise.
A une telle transformation, Charlize fait coller un jeu extraordinaire, d'une intensité comme j'ai rarement vue et qui m'a véritablement époustouflée.
Christina Ricci ne fait pas tapisserie non plus, elle est très crédible en gamine paumée qui réalise qu'elle fraie avec une personne pas tout à fait comme les autres, et qui ne répond qu'à son propre système de valeurs.
"Monster" est avant tout le récit d'une terrifiante descente aux enfers, de quelqu'un que la vie n'a jamais épargnée, qui se hait et s'enferre dans une mécanique d'auto-destruction fatalement inexorable. C'est aussi le récit d'une histoire d'amour assez poignante de deux femmes en manque d'amour et d'estime qui se raccrochent l'une à l'autre comme à une bouée de sauvetage.
M'ont manqué la beauté des scènes, la qualité de la photo : je n'ai décelé aucune esthétique intéressante dans ce premier film qui pèche sans doute par la trop grande sobriété de sa mise en scène. Une petite patine "indie" aurait été la bienvenue, selon moi !
Toutefois, un très bon thriller mené tambour battant, qui vaut essentiellement pour la performance hors-du-commun de Miss Theron.