Afin d'aborder Monsters dans les meilleures conditions, il est préférable de ne pas trop en savoir à l'avance. D'une part, pour avoir la surprise d'être emmené sur des sentiers peu utilisés du film de monstres, et d'autre part, pour éviter cette possible déception devant un spectacle jouant à l'économie de rencontres du troisième type.


Le Mexique est en quarantaine. Une sonde de la NASA s'est écrasée en Amérique centrale libérant des formes de vies extra-terrestres partout sur le territoire. Le pays est presque entièrement devenu une zone contaminée. Là-bas, coincés malgré eux dans cette zone sinistrée, deux américains négocient leur voyage de retour avec les locaux pour rejoindre la frontière américaine, gardée par une immense muraille.


Monsters est un ovni dans la catégorie du film de monstre. Quand la majorité des autres blockbusters dégoulinent d'explosions et de scènes sanglantes, celui-ci s'attarde davantage sur la langueur de l'expédition dans la jungle mexicaine. La caméra éthérée et presque en lévitation ( on pense à du Malick ) profile une sorte de road trip tranquille ou les passages musclés ne sont là que pour réveiller la violence du monde, la violence des monstres ...


Car le leurre du film se trouve bien ici. Monsters est en fait un drame humain dans un contexte apocalyptique. Les monstres extra-terrestres ne sont que des fantômes en background, une astuce scénaristique pour explorer l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus sombre.
Gareth Edwards veut parler des Hommes, mais des Hommes de notre réalité. Des hommes capables de dresser un mur gigantesque pour endiguer l'immigration mexicaine ou des hommes capable d'abandonner leur population après le passages d'ouragans.
Monsters est donc un film éminemment politique, pas toujours subtil, mais il serait dommage de le réduire à cette simple condition.


Les deux héros du film sont sincèrement touchants. Leur jeux de séduction marche plutôt bien même. Construits à partir de non-dits et d'actes manqués, leur aventure ensemble dans cette nature hostile est passionnante à suivre.
Les plans aériens et vaporeux magnifient leur relation. On aimerait plus parfois, mais le film ne fait que prendre son temps et délivre parcimonieusement ses moments plus nerveux, toujours coincés entre la grâce paisible qui parcoure le film.


Monsters est en définitive un drame humain contemplatif à la portée politique. Une étiquette finalement lourde pour un film qui ne semblait pas en dire autant. Il souffre évidemment de beaucoup de défauts, j'aurais pu parler des effets spéciaux ratés ou du cliché qui pointe le bout de son nez parfois; mais le projet est tellement intéressant et surprenant qu'on lui pardonne ses quelques erreurs.
Mais surtout, Monsters est un film résolument pessimiste. Car lorsque la scène finale arrive, on se souvient d'un élément du prologue. Un air d'opéra, chanté vigoureusement par un militaire, qui fait écho à la scène d'ouverture du film. Alors on comprend l'issue tragique et on se dit que Monsters est bel et bien un cas à part dans le film de monstre. Et rien que pour ça, il vaut la peine d'être vu.

Liverbird
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2010 et Critiques vues

Créée

le 15 juil. 2015

Critique lue 293 fois

13 j'aime

7 commentaires

Liverbird

Écrit par

Critique lue 293 fois

13
7

D'autres avis sur Monsters

Monsters
Daryush
2

Critique de Monsters par Daryush

J'ai pas rigolé. J'ai pas eu peur. J'ai pas pleuré. J'ai rien ressenti. Je me suis fais chier. Une fois de plus, la promo nous ont vendus un film qui n'existe pas. ***SPOIL*** En gros, c'est...

le 13 janv. 2011

62 j'aime

52

Monsters
SanFelice
8

Montre tes monstres (ou pas)

Monsters est un film de monstres, comme son titre l'indique. Et je comprends pourquoi certains fans du genre l'ont détesté. Si on cherche du Roland Emmercih, ou même du Pacific Rim, on ne peut...

le 16 déc. 2013

59 j'aime

10

Monsters
Eren
6

Far North

Hey les copains, je comprends plus rien aux critiques de cinéma. Mais vraiment. Un coup t'entend qu'Emmerich c'est de la bougnasse patriotique. On te dit que Bay c'est des artifices péteux et sans...

Par

le 11 févr. 2014

51 j'aime

Du même critique

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Liverbird
6

De l'abus de la vitesse et de la lumière

Ne rien attendre d'un film, le laisser pleinement vous surprendre en atténuant les espoirs est bien souvent la meilleure manière de l'apprécier à sa juste valeur. Je suis parti dans ce neuvième volet...

le 19 déc. 2019

95 j'aime

12

Interstellar
Liverbird
9

Une madeleine dans l'espace

Les grands films éclatent les bords de l'écran. ils sont bien trop volumineux pour être contenu dans leurs cadres étriqués, bien trop grandioses pour se contenter de cette pauvre condition. Alors ils...

le 19 nov. 2014

55 j'aime

16

There Will Be Blood
Liverbird
9

Des hommes d'influence

Tout d'abord, There Will Be Blood c'est un prologue. Une immersion au fond d'une mine noire et muette où de roches insondables et compactes provoquent la volonté humaine. La pioche forcenée du...

le 19 juin 2015

51 j'aime

6