« Monsters », film de Gareth Edwards sorti en 2010 m’avait agréablement surpris. Pas un vrai film de SF, ni un film de monstres… Non, juste un road movie humain avec en toile de fond une invasion lente et inexorable d’organismes extra-terrestres finalement pas si méchants que cela… Et dès lors se posait la question suivante : qui sont les monstres ?
En 2014, rebelote, mais avec Tom Green aux commandes, un réalisateur quasi inconnu ; mais qui va s’attacher à garder l’esprit du premier opus, même s’il s’agit d’un film différent. On part toujours de l’invasion de la planète par des organismes vivants, allant de simples spores à des créatures immenses évoquant vaguement le croisement d’un poulpe et d’un éléphant. Bon, décrit ainsi c’est forcément bizarre, mais visuellement c’est très réussi. Dix ans sont passés, et quasiment toute la planète est une immense Zone Contaminée, dans laquelle les populations continuent de vivre. Et c’est le cas ici, au Moyen-Orient où les Etats-Unis ont déployé des troupes qui ont pour mission d’éradiquer les monstres, et tant pis pour les dommages collatéraux… Une parabole ? Bien sûr. Avec toujours en toile en fond, qui sont les monstres ?... Facile, certes, mais terriblement d’actualité.
Dans ce bordel, Michael, Frankie et d’autres jeunes désœuvrés des grandes banlieues américaines ont signé leur engagement, tentant de trouver un sens à leur vie. Et comme souvent dans ce cas, c’est la mort qui se trouvera au bout du chemin rempli de sable. Pour les aguerrir et les mener ils sont confiés au Sgt Frater, un dur qui en est à son huitième tour sur ce front mouvant. Fuit-il quelque chose ? Sûrement ; mais ce qui lui importe c’est sa mission et tenter de garder ces recrues en vies. Vous y êtes ? « #Monsters, the Dark Continent », n’est pas non plus un film de SF, mais un film de guerre avec des monstres en arrière plan, servant à mettre en abime les réactions humaines. Il y a quelque chose d’ « #Apocalypse Now » dans ce film, par sa manière de faire cheminer ses protagonistes vers le centre réel du conflit, nos propres émotions. On pense également à « Jarhead, la fin de l’innocence » et au récent « Américan sniper » de Clint Eastwood, tant le Sgt Frater ressemble à un être étranger à toute autre considération que sa mission.
Bien sûr, les spectateurs avides de films catastrophes ne comprendront pas ce film atypique, qui fait un ici un tour de passe-passe. Mais si le registre des émotions, la solitude du guerrier, la futilité dramatique des décisions rapides vous intriguent, alors vous aimerez ce nouveau voyage au milieu des monstres. « The Dark continent » n’a pas la portée quasi poétique du premier film, mais il se rattrape par l’incroyable beauté des paysages jordaniens qui donnent aux images une couleur particulière. Un film qui ne sort malheureusement pas en salle en France, uniquement en dvd et en vod, maisn film qui sort du lot, par le haut, loin des formatages habituels.