Monstres & Cie
7.5
Monstres & Cie

Long-métrage d'animation de Pete Docter, David Silverman et Lee Unkrich (2001)

De l'économie de la peur à celle du rire.

Après Les deux premiers Toy Story et Mille et une pattes, la firme à la lampe se lance dans son quatrième long métrage d’animation. Ce sera le premier qui ne sera pas réalisé par John Lasseter. Le directeur artistique de la firme cède la place à Pete Docter dans le rôle de réalisateur. Si on finira par bien connaitre et associer le nom du bon Docter à Pixar pour ses travaux ultérieurs sur Up, Inside-out et Soul, c’était alors un petit nouveau à qui on donnait sa chance en tant que réalisateur. Je dis petit nouveau, mais Docter ne débarque pas de nulle part chez Pixar, puisqu’il avait fait partie intégrante de l’équipe qui avait travaillé au développement de l’histoire du premier Toy Story et avait écrit l’histoire originale du second volet des aventures de Woody, Buzz, et leurs amis.


Monstre & Cie marque pour l’époque un tournant technique au sein du film d’animation en 3D pour le réalisme et le soin accordé à la modélisation des poils de Jacques Sullivan,  son personnage principal. De nombreux reportages s’attardait sur cet élément à l’époque et ça avait même été un argument d’appel. J’avoue bien humblement que si le tour de force technique restait impressionnant, ma passion, toute relative, pour les poils en tout genre ne m’incitait pas à m’extasier outre mesure sur le sujet, même si je reconnaissais la qualité technique du travail.


Monstre & Cie est tout comme  les premiers Toy Story un film d’animation qui peut s’adresser autant aux enfants qu’aux adultes, jouant sur de nombreux tableaux et des niveaux de lecture multiples.


Au premier abord , Monsters Inc parle sans doute assez clairement de l’importance de surmonter ses peurs et de les combattre ainsi que, d’une certaine manière, de la parentalité à travers la relation qui va se créer et se développer entre Sully et Boo et qui est bien entendu influencée par la récente parentalité de Pete Docter. On peut pourtant très rapidement  aussi y voir distillé une critique à peine déguisée du corporatisme, des situations de monopole, du culte de la performance, de l’automatisation, de la mise en concurrence malsaine des employés entre eux, des risques que font prendre les entreprises à leurs employés pour atteindre les quotas (même les chaussettes sont hautement toxiques), et des question éthiques relatives à la source de l’énergie utilisée pour entretenir le mode de vie des « monstres ». Pas très étonnant venant du futur scénariste de Wall-E, un autre film de Pixar qui critiquera encore bien plus ouvertement notre mode de vie.


En parlant d’une économie basée sur la peur et en distillant l’air de rien comme ça en passant tous les petits clins  d’œil satiriques à notre société bien réelle cités ci-dessus (jusqu’à nous comparer à des monstres, peut-être pas si méchants que ça, mais des monstres tout de même), Pete Docter fait mouche. Le film en pprofiteraient sus pour égratigner gentiment l’hystérie médiatique et la collusion parfois coupable entre journalistes et puissances économiques.


Tout cela est emballé de belle manière avec un film plein d’inventivités et d’idées visuelles qui donne à réfléchir tout en amusant.


Le film se terminera en remplaçant une économie basée sur la peur par une économie basée sur la joie et le rire et dont le rendement s’avèrera bien supérieure à ce qui l’a précédé (avec la rejouissante inversion de l'employé un peu raté se muant en employé exemplaire démontrant encore une fois que la valeur de chacun n'est souvent qu'une question de contexte). C’est sans doute un de ces vœux pieux qu’on ne peut se permettre qu’au cinéma, mais encore… En est-on bien certain ?


En tout cas Monsters Inc est dans la continuité de l’excellence que représentait Pixar à l’époque (excellence qui si elle n’en reste pas bien présente dans la plupart de leurs projets s’est légèrement ternie avec le temps), se revoit avec plaisir,  et fait partie à mon humble avis des plus belles réussites du studio (dans le top 10 en tout cas), surtout grâce à son propos à peine masqué critiquant une société dépendante d’un mode de production proprement inhumain.


Samu-L

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