Je dois avouer une chose. Parmi les comiques cultes de toute une génération, je ne connaissais les Monty Python que de réputation. Je connaissais certains membres comme Terry Guilliam, et John Cleese, mais la troupe en elle-même très peu. Du coup, autant dire tout de suite que je n'avais vu auparavant aucuns films des Monty Python, ni à quel point leur influence dans le cinéma et la comédie actuelle était considérable. Du coup, il fallait me rattraper et voir le premier film (pardon 2e) de la troupe, après avoir vu leur dernier film (à savoir le pas mauvais mais que sympathique Absolutely Anything). Etant fan de Kaamelott, je voulais voir le film Sacré Graal ! Et autant dire tout de suite, les petits ont fait mieux. Mais pour l'époque, le film reste un bijou d'absurde et de drôlerie qui use d'astuce toute bête mais qui sont géniaux.
Réalisations volontairement kitch
Autant dire tout de suite que la réalisation n'est pas la force du film. En effet, visuellement, on est sur du basique. Mais ce qui rend le film particulier et culte est le faite qu'elle sert en même temps la comédie. Car oui, visuellement, même pour un film de 1975, il est très cheap. Mais le film assume le coté kitch et décalé et use de trouvaille visuelle toute simple mais qui marche dans le cadre de la parodie (entre cassage du 4e mur, images de styles médiévales, sortie de diégèse, production design parodiant les films d'époques). Et surtout, pour un budget très limité, ils ont du s'éclater à remplacer par les chevaux par des pages qui cognent des noix de cocos (je n'arrive pas à croire que je dis ça). C'est tellement débile et con qu'on se demande comment on a fait pour ne pas penser à ça. Je veux dire : c'est le genre d'astuce qu'un enfant de 4 ans ferait. C'est juste tellement ridicule que cela en devient génial. Même le montage et l'aspect parodie de conte fonctionne très bien. Mais là où le film prend toute sa dimension, c'est dans la frontière très fine entre la diégèse du film et le monde actuel. Dans le film, on ne sait pas si on est réellement dans le Moyen-Âge ou dans l'époque actuel (ou les années 70). L'autre particularité est le visuel et la production design du film qui terriblement premier degré que le décalage est juste hilarant. L'ambiance est très médiéval mais le reste fait qu'on peut difficilement prendre le film au sérieux tant la parodie fonctionne et est bien écrite. Car oui, le reste du film est d'un niveau proche du génie.
Les chevaliers de la table drôle
Grosso modo les personnages sont les mêmes que dans la légende arthurienne (sans Merlin) mais version Monty Python. Graham Chapman joue le Roi Arthur, et la tête du milieu d'une sorte d'ennemi, John Cleese joue Lancelot, le Chevalier Noir, le Chevalier Français (sans les clichés), et l'enchanteur Tim, Terry Gilliam est Patsy, le chevalier vert et le dessinateur, Eric Idle joue Robin, un paysan, un garde du château, Concorde, Frère Meynard, Terry Jones joue Bedevere, le prince Herbert, un gardien de la forêt, la mère de Dennis, la tête gauche; et enfin Michael Palin joue Galaad le disciple de Frère Meynard, Dennis, le roi du château, la tête droite, le chevalier qui dit ni (le chevalier qui dit ni...mdr.). Chacun joue de manière tellement premier degré mais avec des dialogues complètement épiques le contexte les rend drôles. Mieux encore, on sent les anachronismes les rend aussi vraiment incroyables. Surtout quand on a des chevaliers désespérément nobles la limite de l'exagération (comme Lancelot qui dégomme toute la court d'un noble, Galaad qui est tellement dans le cliché de l'héritier divin). Même le narrateur est vraiment drôle dans ses interventions. Bien sûr, ils ne sont pas les seuls comme Zoot (Carol Cleveland ) qui s'éclatent avec leurs dialogues. Comme quoi, les meilleurs adaptations du mythe du roi Arthur sont surtout celles qui maîtrisent tous les aspects du mythe afin qu'on croit en leur quête, même dans la parodie (ce qui permet de distinguer les bonnes adaptations comme Merlin, l'Enchanteur, Lancelot avec Richard Geere, les téléfilms Merlin avec Sam Neil, ce film, Kaamelott, des mauvaises comme la série du jeune Merlin et le Roi Arthur avec Clive Owen (je n'ai pas vu Excalibur de John Boorman, la série Camelot avec Eva Green ni le récent film de Guy Richie). Bien que la forme du film est quasiment une série de sketchs sur les chevaliers qui doivent trouver (ou pas) le Graal (spoiler, la fin est surprenante). On arrive à croire en ce film comme un conte comique avec de l'humour à mi chemin avec l'absurde et la dérision, faisant un film à l'humour très fin et drôle.
Le culte du Roi Arthur.
C'est assez étonnant que les parodies ou les films très drôles du mythe Arthurien se retiennent bien plus que les adaptations sérieuses du mythe. Si **Sacré Graal**est devenue culte, c'est non seulement grâce à l'humour vraiment ben écrit, mais aussi que quand on ne connaît pas le mythe originel, l'histoire est tout aussi prenante. Si ce n'est pas le premier film des Monty Python, c'est celui qui est le plus connu et le plus culte. Cela dit, on en a d'autres à voir et à apprécier.