Trois étapes de la vie de Chiron, un Noir américain homosexuel qui a du mal s’accepter comme tel.
On veut bien faire tous les efforts du monde, mais il faudrait qu’en face, on y mette un peu du sien… Ainsi, Moonlight, qui a reçu l’Oscar du Meilleur film, on sait après quelle scandaleuse erreur qui fit miroiter la récompense aux yeux de Damien Chazelle pour son merveilleux La La Land avant de le lui retirer promptement, peine à révéler ce qui devrait nous pousser à nous y intéresser.
Les personnages, très stéréotypiques (le dealer cool, l’enfant introverti et brutalisé à l’école qui devient forcément dealer à la suite de son modèle, la mère négligente et égoïste qui ne s’intéresse qu’à l’argent de son fils), ne nous y aident en tous cas guère, pas plus qu'un rythme en accordéon, rarement ennuyeux, mais qui introduit d'importantes longueurs.
Pourtant, malgré tous les clichés que Jenkins introduit dans son film, il parvient à saisir avec une certaine subtilité les dilemmes intérieurs qui troublent ses personnages, parvenant à quelques occasions à susciter une vraie empathie pour ces derniers. Malheureusement, cette légère émotion qui point à intervalles réguliers ne trouve jamais sa vraie raison d’être dans un récit très plat, dans lequel il ne se passe à peu de choses près rien, malgré une belle mise en scène et une superbe bande originale.
On saura au moins gré à Jenkins de n’avoir pas réitéré l’atroce expérience que Kechiche nous infligea avec son insupportable La Vie d’Adèle, qui parvenait, malgré lui, à nous faire croire que les homosexuels étaient tous des êtres anormaux vivant sur une autre planète que les humains. Moonlight, d’une certaine manière (mais tout en restant dans le politiquement correct, qui lui valut bien évidemment l’Oscar), prend le contre-pied du film de Kechiche, en cherchant (et réussissant) à nous montrer que les homosexuels sont des gens comme les autres. C'est bien beau, mais le problème, c’est qu’on était déjà au courant.