Avec Wes Anderson, certains peuvent lui reprocher de faire toujours le même film, mais c'est faux, car tout comme ses personnages, le réalisateur a su évoluer dans sa poésie et dans l'art si subtil du décalage.


Ce film raconte l'éveil d'une garçon et d'une fille, mais tout deux paraissent assez bizarres, l'un agissant comme un adulte responsable et l'autre ayant des pulsions de folie pouvant virer à la démence. La magie de l'enfance aidant, ces deux êtres sont destinés à s'aimer, mais comme ils sont recherchés par des scouts et la famille de la jeune fille fugueuse, tout gravite autour d'eux alors qu'ils s'éveillent à l'amour, voire au désir (il tripote sa poitrine, ce qui fait que la fille va aimer sentir l'érection de son amoureux collé contre elle, et ils découvrent le french kiss) et restent au fond les personnages les plus "normaux" du film.


Car n'oublions pas le casting formidable du film, dont un Bruce Willis à contre-emploi qui refait l'acteur avec grand plaisir, et on note la présence de Bill Murray, Edward Norton, Frances McDormand, enfin, ils sont nombreux, et vraiment tous épatants, car on sent le plaisir jubilatoire qu'ils ont à jouer dans le décalage constant ; ainsi, on ne s'étonne pas de voir Bill Murray sortir de chez lui en pleine nuit pour couper un arbre, ou sa femme (McDormand) appeler ses enfants ou son mari au mégaphone....


Encore une fois, Wes Anderson filme de manière très douce ce qu'on pourrait considérer comme une fable, avec une musique sublime de Alexandre Desplat qui est parfaitement accordée à l'histoire. Et, tout comme Quentin Tarantino, Anderson se sert très bien des musiques additionnelles, à l'image d'une chanson de Françoise Hardy qui donne lieu à un des plus beaux moments du film.
Ce réalisateur me fait penser parfois à du Michel Gondry quand il veut faire du cinéma "petit", où il utilise de manière artisanale des effets spéciaux (comme une cabane qui explose), mais c'est jamais sans maniérisme, toujours avec tact et surtout, on sent qu'il aime ses personnages, aussi décalés et étranges soient-ils !


Je ne sais pas si ce film accrochera les détracteurs de Wes Anderson, mais pour ceux qui aiment son cinéma, ça reste un pur bonheur, et quel délice de faire une histoire originale, à la fois drôle et touchante, car ça reste l'éveil à l'amour d'un jeune couple qui veulent faire "comme les vieux", et c'est beau.

Boubakar
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Cinéma 2012 et Les meilleurs films avec Bruce Willis

Créée

le 19 mai 2012

Critique lue 399 fois

4 j'aime

Boubakar

Écrit par

Critique lue 399 fois

4

D'autres avis sur Moonrise Kingdom

Moonrise Kingdom
Aurea
4

Au Royaume de l'ennui

Je ne connaissais pas Wes Anderson mais les louanges et les dithyrambes entendus ou lus ici ou là me faisaient augurer du meilleur. C'est donc avec un enthousiasme non feint que je suis allée voir...

le 18 mai 2012

192 j'aime

208

Moonrise Kingdom
SanFelice
9

Old Chickchaw Harvest Migration Trail

Dans ce film remarquable, une scène m'a marqué. Nous sommes sur une petite plage déserte d'une minuscule île quasi-inhabitée de Nouvelle-Angleterre. Deux ados fugueurs installent un tourne-disque...

le 20 févr. 2014

161 j'aime

5

Moonrise Kingdom
Torpenn
7

Une fugue en deux mineurs

Une histoire d'amour entre gosses, ce n'est pas si courant finalement... On pense beaucoup à A Little romance de George Roy Hill, bien sûr, enfin pas forcément tout le monde non plus, on doit être...

le 27 juin 2012

144 j'aime

41

Du même critique

Massacre à la tronçonneuse
Boubakar
3

On tronçonne tout...

(Près de) cinquante ans après les évènements du premier Massacre à la tronçonneuse, des jeunes influenceurs reviennent dans la petite ville du Texas qui est désormais considérée comme fantôme afin de...

le 18 févr. 2022

44 j'aime

Total recall
Boubakar
7

Arnold Strong.

Longtemps attendues, les mémoires de Arnold Schwarzenegger laissent au bout du compte un sentiment mitigé. Sa vie nous est narrée, de son enfance dans un village modeste en Autriche, en passant par...

le 11 nov. 2012

44 j'aime

3

Dragon Ball Z : Battle of Gods
Boubakar
3

God save Goku.

Ce nouveau film est situé après la victoire contre Majin Buu, et peu avant la naissance de Pan (la précision a son importance), et met en scène le dieu de la destruction, Bils (proche de bière, en...

le 15 sept. 2013

42 j'aime

9