Dès les premières secondes, on est immédiatement immergés dans l’univers poétique de Wes Anderson, avec ses cadres fixes et symétriques, ses couleurs et ses personnages irréels, ses passages cartoonesques. En l’occurrence, dans des images aux couleurs kaki, on suivra un jeune scout impopulaire et trop mature pour son âge, qui fuit pour retrouver une autre adolescente, également trop mature, résidente dans l’île où il effectue son camp.
« Moonrise Kingdom » offre en premier lieu une touchante histoire d’amour, portée par deux comédiens alors débutants qui paraissent très naturels. Au-delà de l’aspect poétique, innocent, et nostalgique (le film se déroule dans les 60’s), le scénario aborde des sujets très sérieux via cette romance. Une évocation de l’éveil sexuel chez les très jeunes adolescents (avec plusieurs symbolismes assez évidents !). Mais aussi les familles dysfonctionnelles, les services sociaux à côté de la plaque, un parallèle avec le Déluge et l’Arche de Noé, ou un portrait guère flatteur du scoutisme.
Pour amener ces idées, Wes Andersen s’appuie également sur une palette de comédiens expérimentés (distribution de rêve !), qui jouent à merveille les adultes dépassés par les événements. Dont notamment Edward Norton en chef scout pas méchant mais ultra rigide (le « SS » sur son chapeau n’est pas anodin…), ou Bruce Willis en policier fatigué.
Un beau film, intelligent et délicat.