Si Pascal Bukkake rencontrait deux geeks du 18 25, cela donnerait la version française de Mope. J'en profite pour poser un avertissement : mieux vaut ne pas trop en savoir sur le film avant de plonger dedans. En effet, celui-ci est basé sur un fait divers qui se déroule en Californie en 2010 qui n'a pas fait beaucoup de bruit chez nous. Une chance pour la force de l'intrigue.


Caméra à l'épaule, image granuleuse, cadrage serré, presque un côté documentaire, Lucas Heyne à su soigner son approche cinématographique de son sujet. Pour l'anecdote, j'ai lu que la principale source d'inspiration visuelle fut l'excellent The Wrestler de Darren Aronofsky. Un gage de qualité, assurément.


Il est très vendeur de faire un film sur l'industrie pornographique américaine, c'est presque un 10/10 sur l'échelle du putaclic. Seulement, cela ne rendrait pas honneur au film de le résumer à cet aspect là. À vrai dire, bien que très présente en toile de fond, cette industrie n'est pas l'élément central du film. Il faut plutôt regarder du côté de la relation entre les personnages principaux, merveilleusement incarné par Nathan Stewart-Jarret et Kelly Sry, deux incels voulant passer de spectateur à acteur de leurs films préférés mais aussi, et surtout, de leur vie. Cette bromance des exclus de la vie normale est encore plus forte car elle prend justement scène dans un endroit aussi improbable que glauque.
À ce titre là, le personnage de Steve est très intéressant. Trop noir pour être blanc mais ne collant pas aux poncifs que l'Amérique se fait des noirs, il évolue dans une dead zone sociale. En proie à ses propres démons et traversé par un désir de revanche sur la vie, Steve n'arrive pas se canaliser. Pourtant, il ne demande pas la lune.


Comme la reconnaissance paternel, des amis ou bien le grand amour. C'est d'ailleurs montré à la fin, quand Steve délire et se voit avec celle qui serait sa petite amie.


Lucas Heyne ne tombe jamais dans le licencieux en dépit du sujet avec un choix de cadre presque pudique étant donné le contexte. Il arrive même à nous faire rire à gorge déployée de certaines situations (réelles) absurdes.


Mope est assurément un film intéressant qui, dans un pays où je serais le despote éclairé, aurait sa place dans nos salles de cinéma entre deux comédies franchouillarde. Il serait dommage de s'arrêter à l'aspect transgressif de son sujet car les enjeux ne situent pas là.

Alcalin
7
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le 15 déc. 2019

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5 j'aime

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