Très calme et très puissant. C'est un film très doux et très cruel sur la frustration : il hésite entre la plane la plus totale et la distance d'un récit qui plonge ses personnages tout droit vers les enfers. L'intelligence du point de vue, qui nous place toujours à la bonne hauteur, et la rigueur de la mise en scène créent une ambiance d'entre-deux, à la fois d'un constat froid mais toujours contemplatif, critique mais toujours empathique. Le film est trop linéaire, il varie peu, mais il va droit au cœur froid des choses : sous la sensualité chaude des corps enfin unis sous les volutes, se cache une vampirisation glaciale et mécanique. Comme il est dit à la fin, le film à la splendeur "des soleils d'hiver" qu'éclaire la splendide photographie d'Almendros. La nature est si belle, mais on veut la fuir ou s'y confondre de plus belle, retourner à la terre pour y embrasser les démons. Le film ne suit pas ce mouvement, il le regarde depuis la vallée, trouvant sa puissance dans sa frustration.