Deux fois que je vois Morse par hasard (c'est un tort), et l’effet est toujours là, bien présent : un émoi pénétrant, viscéral, à la limite de l’angoisse, celui qui me fout des frissons de bas en haut quand je regarde un très bon film. Le film d’Alfredson (Let the Right One In) se présente comme une invitation à entrer dans le squat sombre, labyrinthique et magnifique de l’enfance torturée.
Jamais larmoyant -même si quelques larmes ne sont pas exclues - Morse illustre avec complexité les thèmes de la violence infantile, de la pédophilie (pas celle des tabloïds), de l’exclusion et de l’orphelinat en empruntant aux mauvais genres un de ses figures les plus riches : le vampire.
Ce n’est pourtant pas un film cynique. La beauté de la photographie, des espaces, des acteurs et de leurs voix suffirait seule à sauver le film de la déprime. Alfredson capte la grâce des prépubères avec talent et exactitude : le son mouillé d’une bouche remuante, un dos abandonné, innocent, au regard, un pubis entrevu. Mais c’est le scénario de Lindqvist - top - qui cristallise l’espoir dans la relation amoureuse qui unie les personnages principaux, deux préadolescents, adultes prématurément. Pas le choix.
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