Bonjour à tous,
Aujourd' hui, je veux faire la critique d' un film trop méconnu, et qui mérite de l' être. C' est Morse.
Incroyable, quelle baffe, je ne m'en suis toujours pas remis...
Superbe visuellement (de magnifiques paysages enneigés), magistralement tourné (truffé de plans qu'on en voit plus au ciné depuis belle lurette), brillamment interprété par des acteurs enfants formidables de sobriété et de profondeur de jeu, vintage comme il faut (le film se passe dans la fin des années 70), déboulonnant avec intelligence les clichés du film de vampire tout en en respectant les fondamentaux (une prouesse), c'est une merveille du 7ème art qui trouvera son public bien au-delà des amateurs du genre.
Cerise sur le gâteau, le titre original, "Let The Right One In" (laisser entrer la bonne personne), aux significations multiples lorsqu'on a vu le film, est emprunté à un morceau du chanteur indé-pop anglais Morrissey : que peut-on demander de plus ?
Je m' en vais argumenter, dès maintenant.
Affublé d’un titre peu engageant par une distribution française maladroite, Morse (Låt den rätte komma in en v.o., qu’on peut traduire par "laisse entrer le juste") est un film réellement marginal dans sa démarche comme dans son statut générique, à la frontière du fantastique et du cinéma d’auteur. L’histoire prend place dans un univers peu exploité à l’écran, et pour cause, la banlieue de Stockholm des années 80 ne relève pas d’un exotisme des plus vendeurs. Oskar est un jeune garçon de 12 ans, fils unique et solitaire qui est brutalisé quotidiennement par une bande d’enfants du même âge. Alors qu’il simule contre un arbre une vengeance qu’il est incapable de mettre en oeuvre, Eli, sa jeune et étrange voisine, se présente à lui. « Je ne peux pas être ton ami » lui lance t-elle. Oskar, intrigué, va découvrir qu’Eli est en fait un vampire d’un âge incertain.
Très probablement un des meilleurs "films de vampires" réalisé, tant son traitement prend à contrepied tous les poncifs du genre. Peu ou pas de frénésie sanglante, de romantisme pseudogothique ou d'explications fumeuses sur l'origine du mal, ce film contourne subtilement les codes habituels pour se concentrer sur les personnages et leur relation. Les interprètes (dont les deux enfants en premiers rôles) sont excellents, la photographie parfaitement maitrisée et l'ambiance 70's ajoute au charme glacial et léthargique de ce décor tout en neige et en glace. Le titre original "Let the right one in" porte une question ou plusieurs questions, que sa traduction en français oblitère, hélas. A noter que ce film est une adaptation d'un livre lui aussi de grande qualité.
Tout est dans le titre. Ce film est assez atypique par bien des aspects : le décor est un pays scandinave dans les années 80. Le héros est un vrai looser très peu attachant mais auquel on s'attache quand même. L'héroïne est trouble et indéchiffrable. On est donc loin du cliché teen movie de vampires.
Ensuite, il faut bien le dire, les deux acteurs principaux sont très, très bons. La fille tout particulièrement, qui est inquiétante juste ce qu'il faut, sans excès. Jeu tout en retenue (le réalisateur avait dit que ses deux acteurs ont un regard qui les fait paraître plus vieux), mise en scène classique, avec peu d'effets spéciaux mais solide. L'histoire est lente et tient en haleine jusqu'au bout. Une seule scène assez franchement ratée, à cause des SFX (les chats). Le reste est bon et la scène quasi finale (la piscine) m'avait scotché.
Complexe, hypnotique, Morse impose une ambiance à la fois anxiogène et délicate où chaque protagoniste peine à trouver sa place. Oskar est un être isolé socialement, mis à l’écart par ses camarades et élevé par des parents divorcés et usés par la vie, comme d’ailleurs tous les adultes du film. Morse réunit ainsi deux personnages rejetés et blessés au sein d’une romance touchante où chacun recherche un apaisement à son propre statut.
Toute la finesse du film réside ainsi dans l’identification du spectateur aux deux jeunes personnages qui fonctionne pleinement grâce à une retenue de mise en scène et un voile mystérieux qui imprègne tout le film. Adapté d’un roman de John Ajvide Lindqvist, bien plus explicite quand à la nature de chaque protagoniste, Morse laisse le spectateur à sa propre imagination sans pour autant rendre la narration incohérente, soutenue par une réalisation sensorielle qui morcelle les corps sans jamais perdre de vue la nature même des personnages. Celui du protecteur d’Eli, vieil homme à la fois prédateur et profondément humain, qui a sacrifié sa vie pour apaiser la soif de la jeune fille, est une des figures les plus touchantes du film malgré une identité plus que mystérieuse laissée à la merci de l’imaginaire du spectateur.
L’interprétation sans faille des deux jeunes acteurs est réellement époustouflante, notamment celle de Lina Leandersson, incarnant Eli, qui devient instantanément une des créatures cinématographiques les plus fascinantes de ces dernières années. Difficile en effet de rendre crédible un personnage aussi complexe qui fonctionne comme le véritable moteur du film. Eli est un être maudit qui peine à conjuguer son humanité latente et sa nature même de vampire, problématique qui va être renforcée avec la rencontre d’Oskar. La relation platonique liant les deux enfants est traitée avec une justesse et une sincérité étonnante qui ne tombe jamais dans le ridicule ou dans le trop plein de bons sentiments. L’utilisation ingénieuse du morse, comme moyen de communication premier à travers la cloison séparant les personnages, illustre à ce titre à la fois leur solitude respective et l’intimité salvatrice de leur relation, enfermée dans un langage codé à l’abri des adultes et du spectateur.
Tomas Alfredson réalise ainsi un film fantastique crépusculaire tout en s’affranchissant du film de genre, sans jamais cependant mépriser ce dernier. Morse n’est donc pas un film d’horreur, mais un film d’auteur qui prend le temps de poser une ambiance, un décor, à la recherche du cadrage parfait pour coller le mieux à son sujet, tout en régurgitant certains codes vampiriques qui témoignent d’un respect certain à une mythologie séculaire. Les caractéristiques du vampire sont d’ailleurs adroitement intégrées à la dramaturgie comme en témoigne la brillante séquence du repos d’Eli dans la salle de bain, que vient perturber un intrus.
Une des forces du métrage tient donc dans le renouvellement et l’enrichissement de cette mythologie transposée dans un univers nordique glacial et mystérieux. Alfredson économise ses effets et nous gratifie de quelques scènes d’une violence rare, toujours justifiée émotionnellement et narrativement. Le maquillage d’un visage à moitié dissous par l’acide est à ce titre l’un des plus impressionnants qu’on ait vu depuis longtemps, renvoyant celui du Pile ou Face de The Dark Night aux oubliettes. Quant au climax final, illustrant une violence démesurée avec une simplicité déconcertante, il achève d’élever le film à un statut proche du rêve dans sa capacité à transcender une réalité parfois inacceptable.
Alfredson n’échappe pourtant pas à certains défauts inhérents à toute première œuvre, notamment à travers une intrigue secondaire peu pertinente et visuellement discutable (la scène des chats en image de synthèse) et une musique jolie mais relativement impersonnelle. Ces quelques imperfections ne viennent cependant jamais amoindrir le propos du film qui quand vient le générique de fin, laisse le spectateur dans un état émotionnel paroxystique rarement atteint. Morse est un film unique qui peinera sans doute à trouver son public en salle mais qui récompensera grandement tous ceux qui s’y aventureront.
Le sujet: au début des années 80, "Oskar", un adolescent de 12 ans persécuté par ses camarades de classe, fait la connaissance de "Eli", une jeune voisine mystérieuse et solitaire qui cache un redoutable secret. Ils commenceront à sympathiser, développeront une platonique relation amoureuse, bien que le jeune garçon découvrira la double vérité sur la nature de sa nouvelle amie, et finiront même par s'envoyer des messages en morse à travers les cloisons de leurs appartements respectifs (d'où le ridicule titre français, car si le film parle aussi de dents, ce ne sont pas ceux de l'animal).
Un film d'horreur sur le thème ultra-rabâché du vampirisme qui donne un coup de fouet au mythe, d'une grande justesse, captivant, obsédant et poétique à la fois qui sort de l'ordinaire.
Le film reçut un accueil très positif et obtint le nombre impressionnant de 13 récompenses internationales
Un chef-d'œuvre appelé à devenir culte, s'il ne l'est déjà...
Les Américains ne doublant pas les films étrangers et ayant horreur des versions originales sous-titrées parce que leur langue est universelle, un remake très mauvais, fut réalisé en 2010 par "Matt Reeves" avec "Chloë Moretz", film qui gardait le titre original du roman: "Laisse-moi entrer (Let Me In)". Le réalisateur "Tomas Alfredson" du premier film fit d'ailleurs une remarque pertinente sur les "remakes": " les remakes devraient être faits à partir de films ratés ou peu réussis, cela permettrait de régler ce qui ne fonctionnait pas dans l'original", ce qui ne semblait pas être le cas de ce film pour lui.
Les gens pensent que les vampires sont des excités fardés de fond de teint, des hommes gominés ou des bestioles qui font peur. Ce film montre que le vampire souffre, c'est certainement un des meilleurs films de vampire, surement pas un film qui donne des frissons de peur, mais des frissons d'émotion, oui car au dela des images, il y a ces regards de l'actrice qui propulsent le film loin devant des loup-garous body buildés ou de jeunes éphèbes qui scintillent au soleil.
ce film est tout en nuances, plusieurs lectures possibles, un ilm a fleur de peau, un grand film, un peu comme "eternal sunshine of the spotless mind" pas le même sujet, mais une grosse baffe aussi ce film. En résumé, si vous voulez avoir peur, passez votre chemin, si vous voulez voir un film intéligent avec de vrais acteurs, des émotions, du sentiment, une photo parfaite, avec un véritable scénario, alors foncez. Il y a peu de films qui peuvent donner un vrai frisson, il en fait partie, tout comme "Edward aux mains d'argent" par exemple.
Ce film efficacement mis en image met en relation deux solitaires un peu paumé. L'un est un jeune garçon et l'autre une jeune fille étrange. La jeune fille cache une nature prédatrice derrière un visage rassurant. Le métrage possède un style singulier qui m'a étonné.
L'amitié entre ces deux être parait plus sombre, plus intéressé. Le jeune garçon découvre petit à petit une protectrice forte et la jeune fille a besoin d'un acolyte humain pour lui organiser discrètement ses rations de sang frais. Seule elle commencera à faire n'importe quoi!
Une amitié qui est animée par des besoins primaires, une intimité qui relègue les autres personnages de faire valoir ou de victimes expiatoire à la soif de sang de notre jeune amie !
Le récit s'articule autour de nos deux tourtereaux et leurs actions dans un univers froid et vide reflète encore plus fortement leurs impossibilités à s'adapter à la société qui les entoure.
Quand même je soupçonne la vampire par son ancienneté de manipuler la naïveté de la jeunesse et ses sentiments pour ses besoins vitaux.
Le réalisateur laisse cette relation envahir tous son champ et les acteurs par ailleurs excellent glissent dans la peau de leurs personnages d'une manière terriblement réaliste.
J'aime cette culture visuelle, j'aime cette conscience immorale qui vit loin des conventions. Du cinéma personnel réussissant à créer son univers propre dans un habillage conventionnel qui explose avec l'exposition de la vraie nature de la jeune personne.
Emouvant, bouleversant, une superbe histoire d'amour, à priori impossible, entre deux être meurtris et maltraités par la société . Le seul bémol vient de la scène finale un peu trop "gore" qui n'apporte rien au film et auraient pu être omise sans problème . Un petit chef d'oeuvre néanmoins .
Je vous conseille très fortement ce film, que j' ai adoré. Tcho. Et les films de vampires ne se résument pas à Twilight. A bon entendeur. @ +.