Un homme arrive paniqué et essouflé dans un commissariat. Il vient déclarer un crime : le sien. Face aux policiers incrédules Il va raconter comment lui, un honnête notaire en vacances, s’est retrouvé empoisonné, et son enquête pour découvrir qui en est responsable.
Mort à l’arrivée démarre si fort qu’on ne pouvait que craindre la sortie de route, que nos attentes soient déçues. Ce n’est pas le cas. Le film est cruel et pessimiste d'un bout à l'autre, au fil de cette enquête contre la montre. Il arrive même à nous convaincre sur des points qui nous apparaissaient plus faibles en apportant plus tard de nouvelles manières d'appréhender ces défauts qui n'en sont pas tous.
Comme l’interprétation d’Edmond O’Brien dans le rôle phare, celui de Frank Bigelow. L’évolution de son jeu, d’un peu attachant personnage à une bête aux abois, est une bonne claque dans la figure. Dans l’enquête qu’il va mener, en quête de vérités, il va découvrir qu’il n’est qu’un pion, une victime dans un jeu qui le dépasse. Cette enquête est aussi pour lui une quête, lui dont il est très fortement suggéré qu’il vivote, incapable d’aimer en retour sa compagne. Lui qui cherchait des vacances, un délassement, ne trouvera pas le sens de sa vie, mais cherchera la raison de sa mort.
Mort à l’arrivée est un pur bijou représentant le film noir, et, de mon avis personnel, le meilleur représentant parmi ceux que j’ai pu voir. Si Le Faucon maltais a pour lui la figure emblématique d'Humphrey Bogart, le film de Rudolph Maté (à qui on doit aussi Le choc des mondes) est une merveille dont le rythme est parfaitement maîtrisé, le suspense toujours intact sans abuser de rebondissements. Il est aussi d’une ironie cruelle envers son personnage, ce pauvre Frank Bigelow dans sa quête de réponses. Un pion qui réveille la paranoïa en nous, malgré les 70 ans qui nous séparent du film. Un très grand film, et puisque les droits sur le film n’ont pas été renouvelés, il appartient au domaine public, et donc à nous tous.