Mort d'un pourri, sur fond de corruption politique est avant tout un polar noir comme on en faisait plein dans les années 70. On y retrouve Delon dans son élément, bien sûr, qui à partir de ce film et de l'échec de Monsieur Klein, ne se tentera plus trop aux films d'auteurs. Le tout est très bien mené, soutenu par une photographie froide mais léchée, une musique "jazz by night" au relent de tabac froid et de whisky, d'une beauté féline en la personne de Ornella Muti et d'une gallerie d'acteurs aux gueules taillées pour les rôles comme par exemple Klaus Kinski, en homme de pouvoir totalement cynique, Jean Bouise (quelle moustache !), excellent second rôle, en commissaire pétri de justice ou encore Ronet (qui croisa souvent Delon dans sa carrière) en député peu scrupuleux mais fidèle en amitié.
Bien que l'on se perd un peu dans dans cette intrigue très dense en personnages des hautes sphères et autres éléments à retenir, la simplicité du héros et son désir de vérité et de vengeance nous permet de suivre le rythme et l'on se divertit à le voir évoluer dans des scènes d'actions assez ambitieuses et des face à face verbeux, cyniques, noirs (dialogues Michel Audiard) tout aussi remarquables bien qu'inégaux.
Le film met un certain temps à se mettre en place, donc je conseillerais de s'accrocher aux vingt premières minutes. Mais une fois lancée, il se révèle être une véritable pépite, sorte de diamant noir, brut, qui va finalement assez loin dans la critique pessimiste mais réaliste du monde politique et financier.