Une jeune femme (Sharon Stone, sublime) se rend à un concours de tir organisé dans la ville tenue par le bandit (Gene Hackman) qui a autrefois tué son père (Gary Sinise) sous ses yeux, avec la ferme intention de se venger.
Il est permis de trouver que, sur le papier, le scénario du film de Raimi semble le plus basique du monde. Le problème, c’est qu’à l’écran, il l’apparaît tout autant. Non qu’on en veuille au scénario d’être simple, les plus grands westerns, d’Il était une fois dans l’Ouest à Hostiles, ont toujours eu un scénario de la plus grande simplicité. Seulement, simplicité n’est pas simplisme, et c’est ce que Raimi semble oublier ici.
Ce simplisme se manifeste notamment au travers de personnages qui, non contents d’être d’un outrancier manichéisme, se caractérisent par une absence totale de profondeur. Dénué de toute psychologie autant que de subtilité (pourquoi diable Raimi se croit-il obligé de souligner tous ses effets au stabilo épais ?), Mort ou vif semble avoir pour seul but de nous convaincre que ses scénaristes n’ont jamais su capter l’essence du western. Là où toutes les grandes œuvres du genre ont toujours eu pour visée de nous faire réfléchir sur la dualité entre le bien et le mal, sur l’effacement de la frontière entre les deux, sur la nature humaine, etc., ici, rien de tout ça. On est là pour regarder d’insupportables vantards se tirer les uns sur les autres, et… c’est tout.
Que Raimi ait pour but de faire un pastiche ne change rien au ratage de son film : Mort ou vif échoue à faire passer quoi que ce soit, et certainement pas un hommage au western. D’autant que le pastiche n’exclut pas une vraie originalité (que l’on revoie le merveilleux Lone Ranger). Ici, il faudrait n’avoir jamais mis le nez dans un Lucky Luke pour trouver la moindre originalité aux péripéties ou aux personnages, tandis que des dialogues terriblement fadasses achèvent de faire sombrer le film de Raimi dans les limbes de l’oubli.
Par pur souci d’honnêteté, on signalera tout de même une belle photographie de Dante Spinotti qui, quoique charcutée par un montage à la limite du scandaleux, réussit à créer bon nombre de plans iconiques, une bande originale d’Alan Silvestri qui, à défaut d’être inventive, réussit (elle) à nous proposer un excellent pastiche d’Ennio Morricone, et un duo Sharon Stone-Russell Crowe très convaincant (même si Stone impressionne davantage par son physique que par son jeu). A eux seuls, ces quelques éléments réussissent à relever la sauce pour éviter à Mort ou vif de franchir la limite du navet.
Reste qu’en refusant d’emprunter la voie de la franche comédie, le film de Raimi échoue totalement dans sa fonction de pastiche, basculant du côté de la parodie involontaire. Fort heureusement, il ne restait plus longtemps à attendre pour que Gore Verbinski vienne enfin nous livrer la recette du véritable pastiche...