Voir Mort sur le Nil seulement aujourd'hui aurait presque un petit goût de monde d'avant, vu que les bandes annonces et les reports se seront succédés depuis maintenant deux ans, la faute à quoi-vous-savez.
Voir Mort sur le Nil seulement aujourd'hui aurait presque un petit goût de monde d'avant, tant il ressemble comme un frère au Crime de l'Orient-Express version 2017, en reprend les mêmes qualités et les mêmes défauts.
Pourquoi changer une recette qui a fait ses preuves, après tout ?
D'autant que les ingrédients se montrent pour la plupart goûtus, le bouquin d'Agatha Christie en tête, servi par une troupe d'acteurs qui, si elle est animée par moins de grands noms qu'en 2017, ne s'en montre pas moins au diapason, la sublime Emma Mackey en tête. La beauté des images et des décors aussi. Ou encore la mécanique du whodunit, renommé muder mystery pour remettre au goût du jour et à la mode un genre qui sentait bon la naphtaline jusqu'à A Couteaux Tirés.
Et puis, il y a cet aspect huis-clos aéré qui permet à Kenneth Branagh et à son équipe des SFX d'admirer plus que de coutume les paysages et monuments égyptiens tout droit sortis d'une carte postale.
Ainsi, si Le Crime de l'Orient-Express n'était déjà pas votre tasse de thé, Mort sur le Nil ne sera pas, en 2022, la croisière s'amuse...
Petite nouveauté cependant : Branagh et son scénariste essaient d'humaniser un petit peu plus leur version d'Hercule Poirot, d'abord en dissipant le mystère se cachant derrière sa moustache improbable. En faisant ensuite renouer le détective belge avec des sentiments anciens qu'il croyait ne plus jamais pouvoir éprouver. Cette approche n'est pas désagréable en soi, mais un peu maladroite au vu des rajouts par rapport à mes souvenirs du bouquin d'Agatha. Ce qui fera sans doute grincer des dents les gardiens du temple, qui pointaient déjà du doigt, avec un peu de raison, un Poirot toujours dénaturé, moins insupportable, arrogant et pathétique dans le ressenti qu'il inspire à ses suspects.
Faisant constater le fait qu'aussi sympathique et distrayant soit-il, la version du personnage incarnée par Kenneth Branagh n'arrivera jamais à la cheville du seul et unique David Suchet, l'immortel enquêteur de la série Agatha Christie's Poirot qui, treize saisons durant, aura donné envie de se replonger avec délice dans un art du suspens intemporel...
Behind_the_Mask, Egyptian Rhapsody.