Après le surprenant succès public de Mortal Kombat, le studio New Line était face à une situation difficile : faire ou non une séquelle. Très courageusement, les pontes décidèrent que oui. Mais il n'était pas question de simplement chercher à ramasser un max de pognon, non, non, c'est pas le genre du studio. Une suite ne serait mise en chantier que si le film disposait d'un bon scénario, d'un réalisateur plein d'idées personnelles et d'un casting bourré de talents. Aucun de ces éléments n'étant réuni, New Line estima qu'il était temps de donner le feu vert au projet.
Après la victoire des forces du bien au dernier Mortal Kombat, nos héros quittent le champs de bataille bras dessus bras dessous quand, soudain, surgit du néant toute une armée. Elle est dirigée par le cruel Shao Khan qui démontre immédiatement sa puissance en tuant Johnny Cage. En pleine infériorité numérique nos héros sont forcés de battre en retraite. Dégoûtés par la traîtrise de Khan, chacun d'entre eux va partir en quête pour trouver un moyen de battre le tyran. Ainsi Sonya va chercher l'aide de son coéquipier Jax, Liu Kang part à la recherche du Yodaesque Nightwolf et Rayden va solliciter l'aide des dieux anciens. Bien évidemment leurs quêtes respectives vont être émaillées d'embûches.
Un scénario débile, voire inexistant. Mais après tout celui du premier film n'avait lui non plus rien de brillant et pourtant le long métrage était regardable. Ici, la frontière de la médiocrité a été franchi avec un aplomb étonnant. Le plantage ne réside pourtant pas dans son script déficient. En droite suite du premier film et plus ou moins repris du 3e volet du jeu vidéo, il aurait même tendance à être légèrement plus évolué que celui du premier. La preuve, il y a même du complot dans l'air et un personnage ambigu (Cindel), quel luxe !
Non, plus que le scénario, ce sont les acteurs/personnages et la morale sous-jacente qui plombent énormément le film.
Les acteurs d'abord. Notons tout de suite la bonne idée d'avoir remplacé la gentille Bridgette Wilson par la plus athlétique Sandra Hess. C'est remarquable parce que c'est bien la seule bonne idée du casting.
La catastrophe est patente dans le camps des méchants. Prenons le cas du centaure Motaro, un personnage qui aurait pu avoir beaucoup de classe si il n'était pas joué par un acteur à la tronche de catcheur. La remarque tient aussi pour Shao Khan. Il est d'ailleurs assez amusant de constater que tous les acteurs semblent s'être donnés le mot pour mal jouer sauf Robin Shou. Ce dernier est le seul à sembler intéresser par son personnage et à l'interpréter sérieusement. A croire qu'on a voulu faire une énorme blague à ce pauvre Robin.
La palme du surjeu revient sans contestation à Shao Khan qui multiplie les grimaces et les répliques pompeuses ("C'est le commencement de la fin ! Venez ! Entendez les rugissements du néant"). Jax et ses vannes foireuses occupe avec fierté la seconde position. Tout cela est vraiment lamentable.
Le coté ridicule des personnages est accentué par le deuxième gros point noir du film : La morale. Déjà plus ou moins présente dans le premier film, elle passait grâce à une approche un peu second degré. Mais là, elle nous est systématiquement assénée avec conviction et certitude alors qu'elle est pourtant d'une banalité affligeante ("Ai confiance en toi et tu vaincras tous les obstacles"). Tout le long du film, on y a droit, c'est une vrai torture. Le pompon étant atteint quand Jax finit enfin par le comprendre et se débarrasse de ses super prothèses mécaniques au bras pour enfin réussire à battre Motaro. N'importe quoi. Vu comment le message nous est asséné, on saisit bien que le film ne prend pas son public pour des lumières.
Mais ce n'est pas encore fini ! Car qu'en est il des combats ? C'était là une des forces de Mortal Kombat premier du nom et ils sont en nombre équivalents dans ce nouvel opus. Malheureusement, c'est encore un gros ratage. Les chorégraphies sont vagues, manquent de punch et systématiquement sabotées par une réalisation approximative. Parfois on a un faible espoir que ça s'améliore quand surgit un artiste martial de meilleur niveau (Cyrax) mais, tel un soufflé, cela retombe immédiatement : La chorégraphie un peu plus élaboré est dévalorisé par un montage mou du genou et par une mise en scène foireuse. Une catastrophe.
Pour ne rien arranger à ce tableau quasi post apocalyptique, ce Mortal Kombat II était alors à la pointe d'une des tendances les plus énervantes du cinéma fantastique US : L'abondance d'effets spéciaux cheap. Ici, le moindre trucage est effectué à coups d'images de synthèses de qualité douteuse. Et le film multiplie les occasion d'en faire usage. Notons ainsi la scène ou apparaît une hideuse gargouille synthétique pour bouffer une adversaire de Sonya sans la moindre explication scénaristique. Ces SFX ratés sont quasiment présents dans chaque plans, par certains moments on se croirait dans un épisode d'Hercule ! Cette détestable tendance donnera d'autres affreux rejetons comme Beowulf, Donjons & Dragons et autres. C'est raté, très moche et pas crédible. Une vrai régression dans le domaine.
Cet affreux long métrage a été fatal à la franchise au cinéma. On ne s'en étonnera pas.