L'âpre bataille pour la reconquête de Mossoul qui fit rage pendant près d'un an, de l'automne 2017 à l'été 2017, fut et est toujours qualifiée de "Stalingrad du XXIe s." Le film s'emploie à nous montrer ce Stalingrad contemporain, au travers du parcours d'un jeune policier embarqué avec la désormais célèbre unité du SWAT de Ninive, pour une mission dont nous ne découvrirons le but que lors des toutes dernières minutes du film (l'histoire de cette unité est tirée d'un article du NYT, "The desperate battle to destroy ISIS").
La grande qualité du film réside dans son réalisme, poussé parfois peut être trop loin, ce qui amène à des situations quelque peu poussives mais servant à montrer tel ou tel élément de cette guerre contre Daesh. On verra une attaque suicide à la voiture piégée, des drones bricolés pour servir de missile, une milice chiite encadrée par le Hezbollah iranien, des booby-traps, photos trophée, etc. La techno-guérilla urbaine est très bien retranscrite, ainsi que la claustration et la difficulté du combat urbain.
Par ailleurs, il est tout à fait rafraîchissant de voir un film de guerre en Irak, où l'on se bat contre des terroristes islamistes, SANS AMÉRICAINS (ils sont évoqués 2 fois dans les dialogues et toujours de manière négative) - permettant de rappeler que si des attentats sanglants frappent l'Occident, c'est le monde arabe qui encaisse 99% de la barbarie islamiste. Ce sont des musulmans qui ont lutté pour libérer leur pays du joug du "califat", certes appuyés par les frappes et les renseignements de la coalition, mais les mecs sur le terrain, qui mouraient pour prendre un pâté d'immeubles, c'étaient des Irakiens. Et leurs pertes ont été absolument effroyables, aujourd'hui pas une rue d'Irak n'a son portrait de martyr tombé lors de la guerre contre de Daesh.
Un fort ressentiment montré de manière appuyée dans le film, où tous les hommes de l'unité et en particulier le major Jassem font preuve d'une soif de vengeance confinant à la cruauté : les mecs veulent juste exterminer Daesh. Tels combattants se replient ? On s'en fout, on les attaque et on les tue, parce qu'il faut les tuer. Et quand on se demande si c'est juste, on se repasse la vidéo du frère ou du tonton qui se fait décapiter en tenue orange.
Le rythme est soutenu, ça canarde de la première à la dernière scène contrairement à la plupart des films de guerre où les morts se comptent en centaines, même là un effort de réalisme a été fait : comme à la "vraie guerre", beaucoup de munitions sont tirés comparativement au taux de perte (on estime que pendant l'occupation de l'Irak par les GIs, un soldat tirait en moyenne -entraînement compris- 400 000 cartouches pour 1 ennemi tué !!)
Cinématographiquement parlant, c'est du film de guerre/action urbain classique (on penspense bien sûr à "Black Hawk Down", pas de prise de risque ou de parti artistique de la part du réal, mais ça reste efficace, on ne s'ennuie pas une seconde
En résumé, je recommande fortement, si le sujet militaire vous intéresse ça vous plaira forcément, et si vous ne connaissez pas le cite documentaire du film vous apprendra plein de choses sur la bataille de Mossoul et sur le combat urbain contemporain en général.
Et je le répète, c'est un film de guerre en Irak SANS AMÉRICAINS !!