Situé dans le Nordeste brésilien, avec pour décor presque unique un motel spécifiquement dédié au sexe, le nouveau film de Karim Aînouz interloque, un peu, déçoit, beaucoup, mais, bizarrement, n'ennuie pas vraiment. Ce n'est pourtant pas la violence des désirs et la création, trop souvent vue, d'une sorte de triangle amoureux qui a le pouvoir de nous donner des frissons car la trame est éculée, rappelant celle du Facteur sonne toujours deux fois (notamment la version de Visconti), mais sans aucune profondeur dans ses personnages, le plus jeune étant peut-être celui avec le plus de potentiel mais son interprétation, par le débutant Iago Xavier, manque cruellement de charisme, alors que ses comparses se réduisent peu ou prou à des clichés ambulants. Passons sur l'aspect érotique, plus bestial que sensuel, et regrettons que le côté social dans cette région défavorisée du Brésil ne soit guère développée. Il reste quoi ? Des couleurs saturées, de la musique techno et une mise en scène parfois virtuose mais hélas au service de pas grand chose. Venant du réalisateur du somptueux La Vie invisible d'Eurídice Gusmão et des excellents Bahia, ville basse et Le ciel de Suely, Motel Destino marque forcément un recul dans l'inspiration d'un cinéaste qui se demande peut-être, c'est une hypothèse, s'il a encore envie de filmer des histoires de son propre pays ou de "s"internationaliser", comme pour le peu convaincant Jeu de la reine, quitte à y perdre son identité.