Aronofsky, c'est bien. Enfin généralement moi, j'aime bien. C'est un poil subtile, plutôt bien filmé, on est happé par l'univers du film... Bref, on en sort un peu mal à l'aise, pas mal angoissé mais le temps d'un film, on a oublié la réalité, on a été completement projeté dans un autre monde. L'effet est donc réussi.
Cet effet, je ne peux pas l'enlever à Mother : aucun moment de répit, j'ai été prise par le film dès les premières minutes (sauf la toute première scène...). J'aime le fait qu'on voit le film à travers le personnage de Jennifer Lawrence (qui joue d'ailleurs admirablement bien), on est comme elle sur le qui-vive du début à la fin et on malmène sans relâche les accoudoirs de son fauteuil en attendant la suite. D'une manière générale, les acteurs sont excellents.
Pour le reste... La métaphore de la création artistique est amenée grossièrement, on la comprend dès la première demie-heure du film et on devine donc la suite sans aucune peine... Il faut dire qu'entre Jennifer L. qui répare la maison avec ses petites mains tandis que son mari tente en vain d'écrire, qu'il trouve l'inspiration à la seconde même où il la met enceinte, le fait qu'il ne l'aime que pour l'admiration qu'elle lui porte, mais également l'intrusion de tous les gens dans la maison, métaphore du moment où l'oeuvre échappe à son auteur (où la reception transforme et "dénature" l'oeuvre de l'artiste, en transforme le sens), inutilement réassénée par la mise à mort (et la dégustation...) du bébé (qui représente donc l'oeuvre, pour ceux qui n'auraient pas suivi), sans parler de la scène finale inutile où J.L brûle dans la maison et qu'une nouvelle fille apparait dans le lit de l'artiste en reprenant les exactes paroles de J.L au début du film, histoire de bien nous montrer que la boucle est bouclée et que l'artiste recommence une nouvelle oeuvre, Aronofsky n'a pas vraiment fait dans la subtilité...
Le côté malsain est plombé par le côté gore (la scène où les "invités" mangent le bébé, le coup du sang sur le plancher, la dernière partie du film...) Tout cela aurait pu être très pertinent si le réalisateur n'en avait pas fait des caisses.
Bref, j'ai pas aimé.