C’est un cauchemar. Ce film est littéralement un cauchemar, avec ses non-sens, sa folie et son urgence. Comme tous les cauchemars, il est illogique. Mais dans cet enchaînement d’événements qui a de quoi laisser perplexe, il est possible d’en tirer des interprétations. Enfin, c’est ce que Darren Aronofsky essaie de nous faire croire.
Je n’ai rien contre les films cryptiques, ceux qui prennent un malin plaisir à perdre le spectateur pour mieux le souffler sur la fin. Mother ! pourrait presque entrer dans cette catégorie. Presque. Il passe à côté d’une chose essentielle : ce n’est pas parce qu’il enchaîne les séquences absurdes que le sens qu’on tentera de donner au film n’en sera que plus gratifiant. C’est tout le contraire : ça rend le film antipathique et quelque peu prétentieux.
En privilégiant les sens de lecture secondaires et en adoptant une structure chaotique, Aronofsky délaisse complètement la surface même de son film. La démarche est, certes, louable. Et peut-être même que ce sentiment de rejet que beaucoup ont pu ressentir fait partie de ses ambitions artistiques premières. Cela ne change rien au fait que : putain, c’est chiant.
C’est juste chiant, du début, à la fin. C’est plat, ce n’est pas vraiment intéressant, et je ne peux m’empêcher d’y voir une vaste analogie du processus de création, ce qui en fait… Bah tout simplement un film un peu égocentrique et égoïste. C’est sûrement le film que Aronofsky aurait aimé voir s’il ne l’avait pas réalisé lui-même. Donc il s’est payé son petit trip qu’il a mis en scène pendant deux bonnes grosses heures.
Cela dit, Mother ! a le mérite de rester constant dans sa réalisation. La caméra se focalise entièrement sur Jennifer Lawrence, multiplie les gros plans, le point de vue interne. Cette logique permet de (légèrement) contrebalancer tout le reste, même si elle ne change pas profondément la nature et les problèmes du film.
Comme pourrait dire Richard Kelly : "Been there, Done that."
Note :
J’ai arrêté de compter les bâillements / 10
C’était bien tenté, mais c’était aussi une insulte à la subtilité :
Les premiers plans du film sont aussi les derniers. Et c’est grillé dès les premières minutes. C’est chiant, très chiant.
C’est quand même une raison pour y jeter un coup d’œil :
Ed Harris occupe un rôle secondaire. Ed Harris est notre papa à tous. Il faut regarder les films dans lesquels joue Ed Harris. Soutenez Ed Harris !
Sinon, à part ça : quoi de neuf ?
Il y a quelques effets spéciaux vraiment bien foutus, qui se rapprochent de la direction artistique de certains Silent Hill.