Mother!, réalisé par Darren Aronofsky, est une œuvre singulière qui jongle entre huis clos oppressant et parabole universelle, tout en explorant les limites du malaise et de l’inconfort.
L’un des aspects les plus réussis du film réside dans la montée en puissance de son ambiance. On débute dans une atmosphère feutrée, presque anodine, avant de sombrer dans un crescendo de tension. Le duo entre Jennifer Lawrence et Javier Bardem fonctionne étonnamment bien : Lawrence incarne la fragilité et l’incompréhension avec intensité, tandis que Bardem, avec son charisme troublant, excelle à instiller un profond sentiment de malaise. Le thème de l’invasion domestique, que beaucoup pourront trouver terrifiant, est brillamment mis en scène dans la première partie du film et rappelle par moments des séquences de Beau Is Afraid, où l’anxiété est presque palpable.
Cependant, le film finit par se heurter à ses propres ambitions. Les quarante dernières minutes, bien qu’audacieuses, sombrent dans une exagération visuelle et narrative où tout semble s’accélérer exponentiellement et sans recul. L’utilisation parfois excessive des CGI, bien qu’efficace par moments, donne une impression de décalage dans un récit qui aurait gagné à rester plus ancré. Enfin, le manque de subtilité dans le symbolisme (très cher à Aronofsky) peut freiner l’adhésion des spectateurs cherchant une approche plus nuancée.
Mother! offre une expérience singulière, oscillant entre tension immersive et moments où l’on peut se sentir un peu submergé. Il s’adresse surtout à ceux qui apprécient les récits symboliques et oppressants, mais son caractère extrême manque souvent de la subtilité nécessaire pour pleinement convaincre.