Oppressant mais chaotique crescendo

Mother!, réalisé par Darren Aronofsky, est une œuvre singulière qui jongle entre huis clos oppressant et parabole universelle, tout en explorant les limites du malaise et de l’inconfort.


L’un des aspects les plus réussis du film réside dans la montée en puissance de son ambiance. On débute dans une atmosphère feutrée, presque anodine, avant de sombrer dans un crescendo de tension. Le duo entre Jennifer Lawrence et Javier Bardem fonctionne étonnamment bien : Lawrence incarne la fragilité et l’incompréhension avec intensité, tandis que Bardem, avec son charisme troublant, excelle à instiller un profond sentiment de malaise. Le thème de l’invasion domestique, que beaucoup pourront trouver terrifiant, est brillamment mis en scène dans la première partie du film et rappelle par moments des séquences de Beau Is Afraid, où l’anxiété est presque palpable.


Cependant, le film finit par se heurter à ses propres ambitions. Les quarante dernières minutes, bien qu’audacieuses, sombrent dans une exagération visuelle et narrative où tout semble s’accélérer exponentiellement et sans recul. L’utilisation parfois excessive des CGI, bien qu’efficace par moments, donne une impression de décalage dans un récit qui aurait gagné à rester plus ancré. Enfin, le manque de subtilité dans le symbolisme (très cher à Aronofsky) peut freiner l’adhésion des spectateurs cherchant une approche plus nuancée.


Mother! offre une expérience singulière, oscillant entre tension immersive et moments où l’on peut se sentir un peu submergé. Il s’adresse surtout à ceux qui apprécient les récits symboliques et oppressants, mais son caractère extrême manque souvent de la subtilité nécessaire pour pleinement convaincre.

Créée

le 30 nov. 2024

Critique lue 2 fois

lklgf

Écrit par

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur Mother!

Mother!
Sergent_Pepper
2

Les arcanes du film d’horreur

Sur la table en acajou, l’écriteau « Attention verni frais ». Dans la corbeille, des cookies et du lait en brique, des pinceaux, de la Biafine, des cigares, un briquet, la Bible, un string vert et un...

le 8 déc. 2017

161 j'aime

27

Mother!
blacktide
7

Le monde, la chair et le diable

Il est parfois difficile de connaître son propre ressenti sur une œuvre. Non que l’avis soit une notion subjective qui ne s’impose véritablement à nous même que par le biais des émotions, mais que ce...

le 21 sept. 2017

139 j'aime

14

Mother!
Frenhofer
5

Les Ruines circulaires d'un Jardin aux sentiers qui bifurquent

Cinq baccarat Quand je mets cette note, ça na vaut pas 5: ça vaut à la fois 0 et 10. C'est la note parfaite pour ce film. Entendons-nous. Mother !, dernier né de Darren Aronovsky, est une oeuvre...

le 23 sept. 2017

137 j'aime

18

Du même critique

Beetlejuice
lklgf
6

Mi figue mi raisin

L'un des tout premiers films de Tim Burton, que je découvre avant le visionnage du tout récent Beetlejuice Beetlejuice.Un film qui colle à son époque, avec des effets spéciaux approximatifs et des...

le 19 sept. 2024

2 j'aime

Mulholland Drive
lklgf
7

Illusion d'intelligence

Vraiment partagé au sortir de ce (troisième) visionnage de Mulholland Drive, qui se situe selon moi à l'exacte frontière entre une branlette intellectuelle et un concept poussé jusque son...

le 8 oct. 2024

2 j'aime

No Country for Old Men
lklgf
8

Pile et Face

Pas grand chose à rajouter tant tout à déjà été dit sur ce film.J'ai largement apprécié un film au positionnement atypique, ou on se retrouve après la bataille, centré mais pas trop sur un shérif...

le 7 oct. 2024

2 j'aime