Au nom de Bardem, du bébé et de Lawrence, amen

Suite à l'échec (justifié) de son précédent film Noé, un retour vers ce qui a fait son succès semblait logique pour Aronofsky, si il ne voulait pas être classé dans le banc des succès d'autrefois (#Burton).


Certes, π m'a déçu avec son complot Juif/mathématicien. Certes, Requiem for a Dream me mets plus fou de rage qu'autre chose. Certes, The Fountain n'a pas de sens pour moi. Et certes, Noé était un mélange fortement indigeste. Mais le mec sait réaliser. Il y a peu de réalisateurs au jours d'aujourd'hui qui arrive à filmer la souffrance, le malaise et la psychose avec une intensité comme la sienne. Là réside la force de tout ses films, plus particulièrement sur Black Swan et sur le fameux Mother!.


Le film, donc, peut être vu comme un mélange entre Black Swan et Noé:



  • D'une part, le film se suit presque intégralement du point de vue du personnage de Jennifer Lawrence - au passage, très convaincante - plongée dans l'inconnu, désemparé et fragile. De ce fait, beaucoup d'éléments nous échappent, et ce, avant le climax de fin ou on comprend tout. La mise en scène se caractérise par les caméras épaules et les gros plans de visages, et le grain du 16mm offre une ambiance désagréable, cependant efficace visuellement.

  • D'autre part, l'aspect religieux. Car oui, là ou les trailer annonçaient un film d'horreur - au final, réduit en grande partie à des Jump Scares bidons et des visuels modestement jolies - le film opte pour une ambiance cauchemardesque et étouffante pour réadapter La Bible. Du commencement au Christ, en passant par Cain et Abel, nombres des récits de La Bible se retrouvent dans le film, sous la forme d'une belle partouze allégorique. Si le deux tiers du film prend une forme "posée", le dernier tiers, quand à lui, parvient à atteindre un chaos des plus impressionnants, dénonçant même l'impact que la religion peut avoir sur une société, sur une personne. Un message fort mais peut être un manque de subtilité à certains moments, en particulier sur les événements actuels (j'en dis pas plus :*) et ce dernier tiers reste un peu illisible à certains bords.


Au final, Mother! est un film que j'ai agréablement aimé, présentant toujours quelques imperfections, mais restant une pierre finement taillée et élégante. Que vous aimiez Aronofsky ou non, ça reste un film à voir pour être soit agréablement surpris, soit désagréablement déçu.

Créée

le 17 sept. 2017

Critique lue 407 fois

3 j'aime

1 commentaire

Layrente

Écrit par

Critique lue 407 fois

3
1

D'autres avis sur Mother!

Mother!
Sergent_Pepper
2

Les arcanes du film d’horreur

Sur la table en acajou, l’écriteau « Attention verni frais ». Dans la corbeille, des cookies et du lait en brique, des pinceaux, de la Biafine, des cigares, un briquet, la Bible, un string vert et un...

le 8 déc. 2017

161 j'aime

27

Mother!
blacktide
7

Le monde, la chair et le diable

Il est parfois difficile de connaître son propre ressenti sur une œuvre. Non que l’avis soit une notion subjective qui ne s’impose véritablement à nous même que par le biais des émotions, mais que ce...

le 21 sept. 2017

139 j'aime

14

Mother!
Frenhofer
5

Les Ruines circulaires d'un Jardin aux sentiers qui bifurquent

Cinq baccarat Quand je mets cette note, ça na vaut pas 5: ça vaut à la fois 0 et 10. C'est la note parfaite pour ce film. Entendons-nous. Mother !, dernier né de Darren Aronovsky, est une oeuvre...

le 23 sept. 2017

137 j'aime

18

Du même critique

L'Homme qui tua Don Quichotte
Layrente
7

Do Gilliam dreams of Crazy Quichotte ?

Il l'a fait ! Il l'a enfin fait ce fichu saligaud ! 25 ans d'emmerdes !! Le mal de dos de Rochefort, la météo désastreuse, le cancer de Hurt,les producteurs destructeurs et j'en passe un paquet. Mais...

le 23 mai 2018

3 j'aime

Mother!
Layrente
7

Au nom de Bardem, du bébé et de Lawrence, amen

Suite à l'échec (justifié) de son précédent film Noé, un retour vers ce qui a fait son succès semblait logique pour Aronofsky, si il ne voulait pas être classé dans le banc des succès d'autrefois...

le 17 sept. 2017

3 j'aime

1

Captain America : Civil War
Layrente
3

United, we ensure. Divided, we suck.

Avant d'aller voir ce film, j'avais un très mauvais sentiment. Ce sentiment que ce que j'allais voir allait être une version piteusement fade de la meilleur série de film du Marvel Cinematic...

le 5 mai 2016

1 j'aime