Lorsque Mother of Tears arrive sur les écrans en 2007 les raisons d'y croire sont encore nombreuses. Même si Dario Argento reste sur quelques films médiocres comme The Card Player et Vous aimez Hitchcock ? , il vient de se refaire une santé avec quelques épisodes de la série anthologique Masters of Horror et semble à même de conclure en beauté sa trilogie des trois mères débuté avec Suspiria et Inferno. Pour cette troisième mère réputée être la plus cruelle et la plus terrifiante Dario Argento réuni une équipe de premier choix avec Asia Argento , Udo Kier et Daria Nicolodi au casting , le clavier des Goblins Claudio Simonetti à la musique et Sergio Stivaletti aux effets spéciaux .. On voulait tout simplement y croire, croire que Argento allait enfin retrouver la folie baroque et visuelle de quelques uns de ses chef d’œuvres passés et nous offrir une conclusion mémorable à sa trilogie. Au final La Terza Madre fera bien couler les larmes celles des fans déçus et parfois légitimement en colère de ce qui constitue peut être pas un naufrage mais un cuisant échec narratif et artistique. Je me souviens que la cruelle déception conditionnée par l'espoir et l'attente m'avait fait détesté en bloc le film lors de sa première vision au point de le qualifier de nanar. Après l'avoir revu je serais moins virulent et catégorique même si évidemment Mother of Tears reste un mauvais film totalement indigne des œuvres qui le précède.
Sur ces premières minutes, Mother of Tears ferait presque illusion avec le meurtre éprouvant et très graphique d'une jeune femme dans une bibliothèque alors qu'elle vient de libérer l'esprit démoniaque de la mère des larmes. L'ambiance est là, l'horreur aussi, la mise en scène de Dario Argento semble inspiré et fluide et Asia Argento est parfaitement dans son rôle. Mais tout va assez rapidement partir en sucette avec une multiplication de choix douteux qui ne vont cesser de tirer le film vers le bas. Seuls les effets spéciaux parfois éprouvant de Stivaletti , Asia Argento par instant inspirée et la musique de Simonetti maintiendront un minimum le film à niveau. L'un des soucis majeur de Mother of taers c'est que Dario Agento est incapable de rendre palpable les enjeux apocalyptique qui sont censés découler de la venue de la Terza Madre et qui devraient mettre Rome à feu , à sang et à larmes. A l'image cela ne se traduire guère plus qu'avec des blaireaux qui s'acharnent à casser une voiture, des mecs qui se battent dans la rue et une femme qui jette un pauvre baigneur en plastique du haut d'un pont... Plus triste encore on nous annonce que des sorcières du monde entier déferler sur Rome ce qui se traduit par une dizaine de figurantes en tout et pour tout . Et quelles sorcières !!! Je crois que j'aurai encore plus adhérer à une troupe de vieilles femmes au nez crochus et chapeaux noirs sur la tête chevauchant des balais qu'à la vision ridicule que Argento nous offre de ses sorcières modernes. La faute de goût est impardonnable et cette déambulation de pétasse gothiquo-hystériques maquillées comme des drag queens qui font les gros yeux au passant qu'elles croisent en ricanant comme des dindes est juste affligeante de ridicule. Les maladresses sont elles aussi nombreuses comme les apparitions peu convaincantes de Daria Nicolodi façon hologramme de chevalier Jedï dans Star Wars … Loin de l'oppressante flamboyance de Suspiria de l'étrangeté macabre de Inferno, Dario Argento signe globalement un film visuellement relativement pauvre, en tout cas trop classique pour qu'il marque vraiment et durablement les esprits.
Finalement peut être que Dario Argento a tenu ses promesse, cette troisième mère engendrera bien la souffrance des spectateurs, les larmes de la consternation et la plus cruelle des désillusion.