Mother of Tears : La Troisième Mère par DrunkenBastard
Depuis le temps que je l'attendais, j'ai enfin pu le voir. Suspiria est une merveille, Inferno n'est pas loin de l'égaler. J'avais hâte mais je nourrissais aussi un max de craintes, et finalement le film est ok. Faut dire que les derniers maîtres-étalon du genre (que j'ai vus) étaient les calamiteux Le sang des innocents et Giallo. Du coup ce qui aurait du clore le diptyque légendaire en un feu d'artifices s'avère être une conclusion sommaire et peu passionnante, mais j'y ai pris du plaisir. On pardonnera Argento pour ce déficit de fantaisie, après tout il a misé sur des décors en extérieur pour une fois et je ne peux qu'adhérer à cette tentative audacieuse. Les déambulations d'Asia dans Rome et ses environs n'ont rien pour déplaire, elles n'ont en revanche rien de très signifiantes. Si ce n'est que le film additionne les environnements comme autant de pistes d'une enquête policière, emprunte de sorcellerie bien évidemment. Le mysticisme ambiant n'est pas toujours très heureux, les SFX non plus (bien que l' empalement de foufoune ou le crèvement d'yeux via instruments ésotériques soient singulièrement originaux). L'ensemble est informe, et tellement lisse que de (trop) rares passages se démarquent très nettement du reste, comme ce plan-séquence sur l'allée et venue d'Asia entre le rez-de-chaussée et le premier étage de la sombre demeure de la Mater. Cette atmosphère funeste, ce contraste entre le chaud et le froid, ce plancher qui craque de tous ses os, ces bris de verre qui hurlent à la mort, et cette délicate (mais néanmoins puissante et subtile) musique... raaah lovely ! L'incursion qui suit, dans des profondeurs censées renvoyer au dédale d'Inferno, est plutôt ratée. Dommage. Avec ce film, Argento renoue avec une certaine forme de talent, mais n'a plus le cran d'assumer les excès de sa jeunesse. A défaut d'être un navet, Mother of Tears est plutôt moyen. Il aurait dû être tourné vingt ans plus tôt.