Trente ans après Inferno, petite perle baroque et opaque, Argento se décide à boucler sa trilogie des Trois Mères — alors qu'il montre depuis de nombreuses années d'évidents signes de fatigue — avec Mother Of Tears, un film d'une nullité crasse, d'une stupidité et d'une médiocrité hallucinantes.
Oh, il y a bien quelques plans à sauver et deux ou trois meurtres joliment gores (la première victime se fait éventrer et étrangler avec ses propres intestins). Mais le manque de moyens (les scènes apocalyptiques avec trois figurants, hum), le scénario débile et mou du genou, l'interprétation exécrable (pas forcément nouveau chez Argento, m'enfin tout de même, pauvres Asia et Daria Nicolodi), le ridicule achevé de certaines scènes (les sorcières bien vulgos), et le manque d'inspiration flagrant du cinéaste qui recycle sans vergogne sa gloire passée (la piscine de cadavres de Phenomena, le dernier plan hilare et énigmatique de Suspiria) finissent de plonger le film dans les abysses d'une fin de carrière de plus en plus embarrassante pour celui qui fut un temps considéré comme le Hitchcock transalpin.
Évidemment, pour éviter d'avoir l'impression de perdre son temps, on pourra toujours ricaner devant quelques passages au comique probablement involontaire et prendre le film comme un agréable nanar. Mais en regard de ce qu'Argento a pu produire par le passé, ses premiers gialli, son âge d'or (de Profondo Rosso à Ténèbres) et même sa période eighties (Phenomena, Opera), ce tragique naufrage donne plutôt envie de pleurer.