Le cinéma turc s'écrit de plus en plus au féminin avec des réalisatrices telles que Yemin Ustaoglu (La boîte de Pandore), Pelin Esmer (La tour de guet) ou Deniz Gamze Ergüven (Mustang). Un autre nom est à ajouter : celui de Senem Tüzen, avec son premier film Motherland présenté au Festival de Venise, en 2015. Situé en Anatolie, sa première lecture serait celle de l'affrontement entre une mère et une fille ou, autrement dit, entre une Turquie traditionnelle et religieuse et une autre moderne et laïque. La cinéaste ne se contente pas de cette binarité et donne à son histoire de larges parts d'ambigüité et de suspense psychologique. Le combat de son héroïne, indépendante, se joue contre un village entier comme sûr de son bon droit et ligué contre les idées d'émancipation féminine. Senem Tüzen est particulièrement douée pour faire monter progressivement la tension jusu'à une scène de "libération" assez inattendue. Du beau travail.