A peine remis de sa branlée face à un Kong de pacotille, le plus vénère des lézards géants affronte cette fois Mothra, sorte de papillon géant qui avait connu les honneurs d'un film à sa gloire en 1961, histoire de fêter dignement les dix ans de son réveil.
Profondément orienté jeune public, le film de Inoshiro Honda renoue paradoxalement avec le premier degré des débuts, délaissant judicieusement l'excentricité d'un précédent opus virant à la blague pour condamner à nouveau les méfaits du nucléaire, ses répercussions sur un environnement que n'hésitent pas à souiller et à pervertir certains individus, ici montrés sous le visage de promoteurs sans scrupules.
Une approche salvatrice qui remet la saga sur le droit chemin, d'autant que l'intrigue, si elle demeure classique, n'en reste pas moins cohérente et pose définitivement les bases du genre pour les prochaines années. Si on reprochera à l'ensemble des longueurs inhérentes à tout kaiju eiga qui se respecte, ce quatrième volet est empreint d'un sens du merveilleux rafraîchissant, proposant des instants de pure poésie et versant sans retenue vers une fantasy naïve certes kitsch mais attachante, servie par des effets spéciaux efficaces pour l'époque et qui conservent encore leur charme suranné.
Par contre, rien n'y fait, s'il continue à être décrit comme le méchant de l'histoire, je ne peux m'empêcher d'être du côté de ce gros balourd de Gojira, légèrement caractériel il est vrai et un peu pataud mais tellement adorable quand il s'énerve...