Dans un village et une époque indéterminés, Mouchette est une jeune fille très pauvre, et qui a une situation familiale difficile : le père étant alcoolique et la mère gravement malade, ayant à peine de quoi subsister aux besoins du nouveau-né.
Elle subit les brimades de ses camarades à l'école, qui la rejettent de par son aspect sauvage et mal fagotée (ses collants sont filés et elle a l'air d'avoir les cheveux sales). Un soir, prise dans un ouragan, elle va se réfugier chez un garde campêtre, et c'est à ce moment-là que toute sa vie va basculer...
Autant le dire, Mouchette est un film assez dur sur la condition de cette petite fille, qui subit tout, et pour qui la seule bulle d'oxygène va être une place qu'on va lui offrir aux auto-tamponneuses, le seul moment où on la verra le sourire aux lèvres, comme un moment de suspension dans cet univers assez cauchemardesque, on va dire.
Pour la partie artistique, on est en plein territoire Bressonien, à savoir pas de musique, sauf de la musique classique au début et à la fin, aucun acteur professionnel, une sècheresse dans la mise en scène qui peut rebuter, et une vision au fond très pessimiste de l'Homme, notamment avec le personnage du garde-champêtre.
Mouchette (qui sera toujours nommée comme telle) est incarnée par Nadine Nortier, une jeune femme vraiment formidable, à l'apparence proche du sauvage, mutique, et dont on sent sa vie déjà finie alors qu'elle vient à peine de commencer. C'est surtout elle qu'on voit dans le film, mais les autres acteurs ne sont pas en reste.
D'ailleurs, on pourrait sourire sur la scène de la cabane où Mouchette pourrait largement s'enfuir, mais elle a comme une volonté de goûter au fruit défendu, comme si elle savait comment elle va finir, ce qui est plus frappant encore quand elle rencontrera une vieille femme qui dit aimer les morts.
Comme à chaque film de Bresson, je dirais que Mouchette n'est pas un film facile, c'est même radical dans le fond et la forme, mais c'est une proposition de cinéma que j'aime beaucoup.