No time to live...

Alors oui, y a des personnages iconiques qui sont maudits ad vitam aeternam. OO7 en fait partie, et cela, même si le génialissime Daniel Craig lui a apporté modernité et humanité au cours des 5 derniers films de la franchise. Certes, Craig est incontestablement mon préféré car plus proche du personnage des romans de Ian Fleming et son arc narratif lui offre une belle évolution, tout en mettant en avant ses failles, son côté dur à cuir (et des scènes d'actions viscérales de toute beauté), il campe le personnage comme il convient, droit dans son smoking, avec flegme, irrévérence et classe, mais aussi moins d'égocentrisme. Après, Bond c'est Bond, c'est pas le gars lambda. Chez ce mec là, y a comme un côté "sur-homme" ou super-héros des temps modernes (déjà, il est presque à l'épreuve des balles, donc chapeau ! ^^). En fait, Bond, tous comme les diamants, est éternel. Du moins, il devrait l'être...

Que dire de cette conclusion ? Beaucoup de choses. Des bonnes comme des moins bonnes. Perso, j'ai beaucoup aimé ce film. Il figurera dans mon top 3 (mes Bonds préférés étant ceux avec Craig ^^), Casino Royal en 1, Skyfall pas très loin en 2 et ex-aequo sur la 3e marche, Spectre et donc, ce No time to die qui se suivent, même si les 5 films de l'ère Craig sont tous interconnectés.

Alors, ce que j'ai aimé :
- Daniel Craig est comme toujours bluffant. Son jeu est juste. Et cette classe so british... Le personnage poursuit son évolution, certes dans un registre qu'on n'attendait pas forcément (davantage d'humour, mais pour moi c'est passé ; plus d'humanité qui m'a un peu scotchée). Un Bond amoureux de sa Madeleine, personnage qui va bien oeuvrer à cette nouvelle version de Bond, un homme de son temps.
- Visuellement, c'est toujours aussi dépaysant. Pas le temps de s'ennuyer, on voyage tout autour du monde (Italie, Norvège, Jamaïque, Londres, Cuba...). On en prend plein les mirettes, et c'est pareil pour les scènes d'action, impeccables comme toujours. La réalisation nous offre de beaux plans, dont un plan séquence, à la fin, quand Bond livre sa dernière bataille, qui est absolument jouissif !
- Musicalement, magistral, comme d'hab. Cette fois c'est Hans Zimmer qui livre une partition bien plus réussie et chargée d'émotions que celle de Dune (pas taper, SVP). On a un super thème, un super générique, plein de références aux précédents Bond de l'ère Craig, mais aussi aux autres films de la franchise.
- On a quelques seconds rôles bien sympas : le trio M (Ah Ralph Fiennes...), Money Penny et Q (et aussi le 4e luron dont je ne me rappelle jamais le nom), Felix de la CIA, la jolie agent columbienne bien badass, drôle et pétillante (sans oublier le glamour) qui livre une scène d'action détonante mais qu'on voit trop peu. Revoir Christopher Waltz en Blofeld m'a fait plaisir (j'avoue que j'ai aimé ce Méchant dans Spectre, il m'a fait beaucoup rire)...

Et donc, ce que j'ai moins aimé :
- La fin du film. Je ne m'en suis toujours pas remise ! Je comprends pourtant l'audace du choix des scénaristes/producteurs/réalisateurs mais à cause de la phrase qui est balancée à la toute fin du générique, je me demande bien qu'elle évolution va prendre 007 ? Et surtout James Bond, car "James Bond reviendra". Mais comment, après cette fin "violente" ? J'en reviens à mon intro : Bond, sur ses 5 derniers films, allait progressivement vers un bonheur mérité, et qu'il trouve grâce au personnage (relativement bien écrit) de Madeleine. Et même si voir un Bond amoureux et père de famille peut choquer les fans les plus réticents, j'aurai aimé voir ça car après tout, ne l'a-t-il pas mérité ? N'a-t-il pas voulu y croire (même avec Vesper Lynd) ? Et la péripétie qui mène à cette fin (qui ne plaira pas à tout le monde), ben elle est un peu facile (la nanotechnologie c'est pratique ^^). D'ailleurs, tout ce qui concerne la fameuse menace "nano virus" est un peu tiré par les cheveux, je m'attendais à mieux et c'est surtout que j'ai pas trop compris les motivations du méchant (en dehors de la vengeance).
- Le méchant, parlons-en. Dès l'annonce de Rami Malek dans le rôle de l'antagoniste, je me réjouissais, et j'ai été un peu déçu car au final on se retrouve avec un méchant "bondien" assez classique et qui, malgré son jeu impeccable, laisse un arrière-goût pas terrible... Un bug dans l'écriture du perso ? D'ailleurs, il n'est pas le seul concerné.
- Madeleine, interprétée par Léa Seydoux. Autant j'ai apprécié le personnage et ce qu'il provoque chez Bond. Autant le choix de l'actrice, je ne le comprends pas vraiment. En VF déjà c'est une horreur à entendre et à chaque fois que le perso parle, c'est pas hyper convainquant (notamment dans sa dernière scène où ses lignes gâchent un peu l'intensité dramatique extrême à laquelle on assiste). Pourtant je n'ai rien contre l'actrice qui, au demeurant, a bonne réputation. Sauf qu'elle ne m'a pas touchée (y compris dans Spectre, à la différence d'Eva Green qui était juste exceptionnelle... mais voilà, c'était une traîtresse... ^^).
- Et je terminerai par le nouveau matricule 007 qu'on voit pendant tout le film, Nomi, qui remplace Bond, retraité dirons-nous... Autant, ce qu'apporte le personnage côté militantisme et féminisme, y a aucun soucis pour ma part. James Bond doit bien vivre avec son époque. Mais le personnage en lui-même n'apporte rien, est détestable, on ne s'y attache pas... bref, Nomi est très mal écrit, je trouve, et elle fait vraiment robot ! Aucune empathie pour elle, ça faisait un peu tâche. Peut-être que la suite permettra de développer ce perso, mais pour le coup, ici, j'ai pas trop saisi ce qu'elle venait faire là, à part crâner devant Bond parce qu'elle a pris sa place... Moyen...

En bref, j'ai passé un bon moment, je n'ai pas vu le temps passer et même si on m'a spoilé la fin du film avant que je le vois, j'ai quand même pleuré en disant adieu à Daniel Craig et à ce Bond dont j'ai vraiment adoré suivre les aventures depuis 2006. Enfin une incarnation qui reconnectait l'icône de la Pop Culture au personnage initialement peint par Ian Fleming. Enfin un agent secret au service de Sa Majesté moins kitch, ridicule, dépassé, misogyne (par exemple, les scènes de lit dans l'ère Craig n'ont plus rien à voir avec tous les autres). Et puis, perso, par certains moments, je n'avais pas l'impression d'être devant un James Bond, mais davantage dans un thriller d'espionnage avec une large palette de couleurs. Et ça c'était vraiment chouette ! Forcément, un peu de nostalgie et de tristesse à l'heure où il faut dire adieu à Daniel Craig qui a tant apporté au personnage et qui a fait un super boulot ! Le pauvre, il a bien le droit de se reposer ! ^^ Par contre, en ce qui concerne son personnage, on ne pourra pas en dire de même ; ça a beau être un choix couillu, cette fin je ne l'aime pas et je la trouve injuste parce qu'au final, Bond n'a pas vraiment le temps de vivre une vraie vie, et cela même s'il a sauvé le monde un tas de fois. Fichu karma...