Après un Gangsters un peu bancal et un 36 Quai des Orfèvres tout simplement irréprochable, on assiste à un nouveau polar made in Oliver Marchal. Et si l'ancien flic reconverti en scénariste/réalisateur ne s'était pas loupé avec son précédent film, réussissant à mêler drame poignant et film policier haut de gamme, il nous livre ici un long-métrage moins réussi. Non pas que MR 73 soit raté, il est juste plus sobre, plus basique, rentrant malgré lui dans les clous des films du genre avec cette enquête classique sur un serial killer, enquête menée par un flic à la ramasse depuis un terrible accident...
Le film est sombre, parfois glauque, mais n'échappe pas à une certaine américanisation malvenue, que ce soit dans certains dialogues, quelques situations poussives ou ce scénario très proche d'un vulgaire sous-Seven. Les émules au film de David Fincher ont proliféré de par le monde, la France n'y échappe pas, aussi tardivement soit-il. Certes, Marchal ne propose pas un film très ordinaire mais n'arrive pas à le rendre pleinement passionnant, la faute à une interprétation parfois limite (hormis pour un Daniel Auteuil toujours aussi impeccable et la présence de Philippe Nahon, dont chaque apparition file des frissons dans le dos), quelques incohérences et deux/trois scènes assez improbables, en témoignent l'agression dans le bus ou celle dans les locaux de la brigade de nuit...
Il était difficile de faire mieux que 36 Quai des Orfèvres, c'est clair. On pardonnera ainsi l'infériorité évidente de MR 73 comparé à son illustre prédécesseur. Néanmoins, le long-métrage propose un scénario alléchant, contenant de bons passages d'action (la course-poursuite dans les bois), des face-à-face réussis et ce en dépit d'un parti pris pour le grandiloquent inutile (pluie opportuniste, exagération de la solitude pour ce flic dépressif et alcoolique). De plus, la rédemption de cet homme brisé et les carcans douteux des méthodes de la police font passer l'enquête au dernier plan. En résulte un dénouement aux allures de bâclage. Au final, Olivier Marchal livre avec son troisième film un polar très noir, dans l'ensemble agréable mais qui souffre malheureusement d'une esthétisation aussi vaine que maladroite.