S'il y a bien un petit plaisir coupable dont je ne saurais me détacher (parmi une douzaine d'autres), même avec énormément de bonne volonté, ce sont les gros singes en CGI qui "groumpfent" et qui renâclent dans tous les sens en exhibant leurs énormes bras. Ces trucs ont réussi à me faire apprécier un remake du meilleur film de monstre de tous les temps, et un préquel d'une des meilleures transpositions d'un bouquin de SF à l'écran. Alors depuis la première annonce de ce Mr. Go, aussi débile soit-elle, je voulais absolument débusquer ce film.
C'est l'histoire de Wei Wei, jeune artiste dans un cirque et petite fille du propriétaire, dont le seul ami est un gorille nommé Ling Ling. A la suite de la mort de son grand père dans un tremblement de terre, Wei Wei se retrouve embourbée de dettes et son seul ami simiesque devient aussi son seul parent. Pataugeant avec son héritage aussi lourd en affectif qu'en emmerdes, Wei Wei ne voit que de sombres nuages poindre à l'horizon, jusqu'à ce qu'un jour, un type débarque dans le cirque à l'improviste, lui proposant de venir en Corée avec le gros singe pour intégrer celui ci dans l'équipe de baseball. C'est donc là que... quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? C'est le fait qu'un gorille intègre une équipe de baseball et que tout le monde trouve ça normal qui vous gêne ? Du calme hein, à l'époque des tornades de requins et des calamars catcheurs, un gorille champion de baseball c'est presque paresseux comme idée, bien fade en audace...
Ce film pêche à tous les niveaux, de la mise en scène d'un rythme semblable à une lamelle de beurre étalée sur toute une moitié de baguette aux effets numériques qui, bien que paraissant assez réussis dans la bande annonce, s'avèrent au final parfois très approximatifs et surtout englués dans cette tendance actuel du film asiatique de blinder son écran de tons pastels baveux.
Résolument tourné vers le jeune public, le film durant plus de 2h10 aura bien du mal à captiver vos rejetons pourtant si jouasses devant le même genre de dégueulis visuels servis dans un tas d'autres productions à leur destination.
Pour les fans de singes (je vous comprends), on a droit à quelques scènes qui frôlent le gentiment épique, mais c'est bien souvent salement abrégé dans cette mélasse où petite trame dramatique tutoie dans l'indécision la pure comédie animalière pour môme, à la croisée d'un Croc Blanc et d'un Beethoven.
Il n'en reste pas loin qu'on y voit un primate de 300 kilos enchaîner des home run, défoncer des battes, exploser des balles, se foutre sur la gueule avec un de ses congénères, gorille rival et rancunier, escalader des murs, faire "groumpf" et se bourrer la gueule sur "Walk of Life" de Dire Straits. Ouais ouais.
Alors bon, c'est pas vraiment une réussite, loin de là, c'est bien souvent mal foutu et on baille souvent devant cet ensemble dégobillant sans cesse ses bonnes intentions d'une mièvrerie sans limite et dégoulinant de numérique sirupeux, le tout dans une mise en scène bancale et indécise, mais putain, c'est pas tous les jours qu'on voit un gorille frapper quelques balles devant un public apparemment habitué à tout... Allez hop, je surnote.
Putain si seulement Stephen Chow avait pu faire ce truc...
(sinon il parait que c'est adapté d'un manga que je n'ai pas lu)