Chose étonnante, « Mr. And Mrs. Bridge » est un James Ivory relativement méconnu, alors qu’il dispose d’une belle tête d’affiche, et que c’était la période où le réalisateur a sorti ses plus célèbres films. Il faut dire, ce n’est pas vraiment une œuvre commerciale, loin de là !
On s’intéresse, dans le courant des années 30-40, à un couple américain. Mr. Bridge est un avocat rigide, sec, têtu, et conservateur. Son épouse est bien amoureuse de lui, mais aspire à une vie plus fleurie. Tandis qu’ils auront de plus en plus de mal à communiquer avec leurs enfants, beaucoup plus libéraux.
Il n’y a pas réellement de fil rouge ou d’intrigue, ce seront simplement des tranches de vie, entrecoupées d’ellipses plus ou moins brutales. En conséquence, c’est parfois un tantinet longuet, et je comprendrais tout à fait que certains décrochent.
Néanmoins l’ensemble reste de bonne tenue. Notamment, la reconstitution évolutive des années 30/40 est soignée. Au passage, il est étonnant d’avoir choisi cette période. Car les thématiques du film (émancipation de la jeunesse et de la femme au foyer) sont habituellement plutôt en lien avec les années 50/60. Mais pourquoi pas.
« Mr. And Mrs. Bridge » bénéficie également de la subtilité d’écriture et de réalisation des films de James Ivory. A savoir, tout n’est pas toujours explicite, les sentiments et les dénouements passent parfois simplement par un regard, une posture, une absence de dialogue.
Enfin, Paul Newman et Joanne Woodward portent allègrement le long-métrage. Incarnant ce couple qui parait mal assorti, et qui trouve pourtant son équilibre. Le fait que les deux acteurs étaient mariés à la ville rajoute évidemment un peu de piment !