Mr. Nobody par Sophie-Judith
Que je m'explique. Je ne m'endors jamais devant un film. C'est une chance que je n'ai pas. Qu'il soit bon ou mauvais – à mon avis – génial, idiot, lent ou chiant (...) ; je tiens. Je suis extrêmement bon public. Je ne lâche pas une histoire avant la fin. J'en suis incapable – enfin ça m'est arrivé, une fois, avec "Le Tambour", de Schlöndorff (mais c'est une autre histoire déjà).
Je regarde les films en compagnie de mon ami : ceci est très important. Car il s'endort lui, il ne se gêne pas du tout.
Philippe a tenu royalement 15 minutes devant Mr Nobody avant de remonter la couette sur son menton.
« Tu dors ? », j'ai fait.
« Non, non. Je réfléchis », il a dit.
C'était foutu.
Le « temps d'endormissement » de Philippe constitue un indice de qualité indéniable. Je le fournirai à chacune de mes critiques. Ceci étant dit...
Mr Nobody.
J'aimais bien l'idée du « Choisir, c'est renoncer ». Malheureusement, elle n'est pas finement exploitée. C'est gros. C'est caricatural (ce qui en soi ne me dérange pas) mais les caricatures sont mal léchées. Ça n'y va pas au bout, ce n'est pas très courageux.
C'est très vidéo-clip, par contre. On aime ou pas. De ce point de vue – du point de vue esthétique visuelle – c'est soigné. Ce film est soigné, et soigneux. Il dit des choses – elles auraient pu être précieuses – qui ne sont que soigneuses au final ; et finalement ennuyeuses.
Film d'amour, touche à tout. Touchera essentiellement les filles. Film de vulgarisation philosophique – plaira peut-être à ceux qui apprécient "Le Monde de Sophie" (Jostein Gaarder).
Il ne m'a pas plu.
À postériori, je le trouve un peu prétentieux – et pour cela, un peu désagréable.
Un peu raté sur la question centrale aussi. Le fameux « Choisir, c'est renoncer (donc je ne choisis pas maman, papa, Jeanne, Elise, Anna) » est faussé dès le départ. Puisque dès le départ, bébé Némo - coincé au paradis, avec bébé Jeanne, bébé Elise, bébé Anna, et les Anges de l'oubli (qui oublient de le faire oublier) – bébé Némo choisit. Il les choisit, ses parents. (Moi, j'aurais pris le couple d'Indiens Navajos) Bref. Espèce de conte de Noël construit autour du thème du « non-choisir », mais porté par un choix de départ hégémonique... C'est voulu, ou pas. C'est pas bien exprimé, en tout cas. C'est fouillis, fatras, blabla.