Sur le quai d'une gare, Némo 9 ans, doit prendre une décision inéluctable : rester avec son père ou partir avec sa mère aux États-Unis. À partir de ce terrible dilemme, Jaco Von Dormael, disparu des grands écrans depuis le fabuleux huitième jour, nous transporte à travers trois existences se profilant selon la décision du petit garçon, existences au combien tragiques, passionnées ou philosophiques.
Némo Nobody est aussi le dernier être mortel sur terre, en 2092, âgé de 118 ans, celui-ci se souvient de ces différentes vies s'entrecroisant à l'aide de brillants flash backs, flash fowards et ellipses sans pour autant qu'une existence prenne l'ascendance sur les deux autres. Chacune de ces vies reste possible et possède donc autant de réalité que les autres tant que l'enfant ne fait pas son choix.
Il paraît donc, d’emblée impossible de donner un avis objectif sur cet Ovni cinématographique ayant laissé critiques et spectateurs à la fois fascinés et déroutés.
« Faramineux » est très certainement l'adjectif le plus employé pour décrire la véritable bombe artistique lancée sur le cinéma européen par le réalisateur belge après 13 ans d'absence.
Faramineux tout d'abord de par son budget, atteignant 33 millions d'euros et situant Mr Nobody comme l'un des longs-métrages les plus ambitieux depuis plusieurs années, faramineux aussi de part la difficulté du projet. En effet, il aura fallu sept ans d'écriture, six mois de tournage entre la Belgique, le Canada et l'Allemagne ainsi qu'un an de montage afin que Mr Nobody ne se concrétise.
Par ailleurs, l'une des qualités principales du long-métrage est, bien évidemment, son casting international de qualité. Jared Leto, déjà connu à l'époque pour sa formidable interprétation en 2000 dans Requiem for a dream, crève littéralement l'écran si bien que l'on ne pourrait imaginer un autre acteur interpréter avec autant de brillo le rôle de Némo Nobody, avec ce long-métrage, Leto, qui se verra décerné le prix du meilleur acteur lors du Puchon International Fantastic Festival, prouve encore une fois sa capacité à jouer des rôles dramatiques de manière réaliste, touchante et intelligente.
Le casting de Mr Nobody compte aussi les brillantes actrices Diane Kruger, Sarah Polley et Linh Dan Pham interprétants respectivement Anna, Élise et Jeanne, trois femmes que Némo rencontrera à travers ses trois possibles existences. Anna étant l'amour passionnel et interdit, Élise l'hystérique à la limite de la bipolarité et Jeanne la femme ''inexistante'' avec qui Némo ne se sent pas vivre.
En outres, Jaco Vaan Dormael utilise une narrativité déconstruite judicieuse oscillant entre les différentes vies possible de Némo, seuls les styles visuels travaillés par le réalisateur et le chef de la photographie, Christophe Beaucarne, différent selon les nombreuses existences du protagoniste et permettent au spectateur de se repérer dans cette énigme labyrinthique et métaphysique.
Jaco Von Dormael associe une narrativité à la fois complexe et poétique à des questions existentialistes simples : pourquoi la fumée sort de la cigarette de papa mais n'y rentre pas ? Pourquoi suis-je moi et pas un autre ? Jaco Van Dormael s’efforce de répondre à ces questions à l'aide d'une vision du monde singulière et artistique